[Entraînement] Entre deux flancs de falaise

Enfin ils atteignirent leur objectif. Une zone étroite, au fin fond d'une ravine. Le chemin avait été tortueux, mais praticable. Cependant, les derniers mètres avaient empêchés toute discussion entre les deux Etudiants. De toutes les manières, il n'avaient pas beaucoup parlé durant le trajet, alors ce n'avait pas été un inconvénient. Fenris savait que Nega était autant, si non plus, enclin à de longs silences plutôt qu'à de longues tirades et de vifs débats. Le jeune Gesshoku songea alors qu'ils allaient bien s'entendre, et ce malgré la différence d'âge qui les séparait alors. Nega était mature. Bien assez en tout cas pour le nombre de printemps qu'il avait du voir. Les deux garçons se ressemblaient, en fin de compte: solitaires, taciturnes, 'timides', respectueux... Outre leur différence de corpulence, ce qui les différenciait vraiment était sans nul doute le détonnant mélange de leur couleur de cheveux respective. Nega arborait d'épais cheveux d'un noir profond, alors que ceux de Fenris était beaucoup plus pâles, presque blancs, et parcourus par endroits de reflets bleutés.

Lorsqu'ils terminèrent leur parcours, le compagnon de Fenris reprit la parole, allant droit au but, qu'ils avaient longuement évoqué les minutes auparavant:

"Tu as déjà essayé le Kinobori ? Moi jamais."

L'Etudiant fit la moue. À dire vrai, lui non plus n'avait jamais fait une quelconque tentative. Cependant, il avait lu des livres traitant du sujet, et voyait plus ou moins commen s'y prendre. A n'en pas douter, son camarade s'était aussi renseigné à ce propos, et sa question était sûrement faite pour lancer l'exercice plutôt qu'autre chose.

"Moi non plus. Ce sera donc une première pour nous deux. Si je me rappelle bien, il est dit qu'il faut malaxer son chakra, le concentrer dans la plante de ses pieds, qui est au passage l'endroit le plus éloigné de la tête, et donc le moins aisé pour canaliser son énergie, puis entourer lesdits pieds d'une enveloppe de chakra. Il faut que l'énergie soit répartie de manière uniforme pour adhérer à la matière. Ni trop, ni pas assez, sinon c'est la chute. C'est bien ça ?"

Fenris savait que Nega était sûrement mieux renseigné que lui, et il espérait une confirmation de sa part. Ce serait un bon soutien pour débuter. Puis, dans un même mouvement, il se tourna vers la paroi la plus proche, et en caressa la roche. Elle était dure. Solide. Pas comme la terre meuble qu'on trouvait parfois sur certains plateaux. Ce serait un bon endroit pour s'essayer à ce Jutsu. Le Kinobori recquierait une concentration importante, comme toute technique lors de l'apprentissage, Fenris le sentait. Et ils avaient trouvé l'endroit idéal pour préserver leur concentration. Le jeune Kogare était vraiment un as.

Fenris suivit les conseils de son camarade, et se plaça non loin de lui, de sorte qu'ils puissent se voir l'un l'autre et s'observer lors de l'apprentissage. Ainsi, ils auraient la possibilité d'échanger plus facilement leurs remarques, si l'un d'eux avait trouvé un moyen de faire plus aisé à mettre en place. La paroi qui lui faisait face n'était pas des plus hautes, mais elle était escarpée. Très escarpée. Si par hasard il venait à en atteindre la cime, et qu'il chutait, le douleur serait sans nulle doute la chose qu'il cotoierait le plus dans les jours qui suivraient...

Le garçon souffla un instant. Commencer par un pied ? Ce n'était pas une mauvaise idée. Tranquillement, il malaxa son chakra physique, et le propulsa vers ses jambes par le biais des multiples Tenketsus. Il sentait le flux d'énergie pure circuler dans son organisme, et réchauffer ses muscles. Bientôt, ses pieds furent entourés de deux halos bleutés qui irradiaient faiblement le sol, donnant aux cailloux un aspect lunaire... Le jeune Gesshoku s'apprêtait à apposer son pied contre la roche, quand un bruit sourd le fit tourner la tête: à quelques mètres de lui, Nega était assis au sol, et regardait la paroi, puis ses pieds. Visiblement, il avait du mal malaxer son chakra, et le résultat n'était pas concluant. Lorsqu'il croisa son regard, Fenris lui adressa un grand sourire, avant de reprendre sa tentative là où il l'avait laissée.

*Uniforme... Une répartition uniforme. Je sens mon pied. Je sens mes orteils, mon métatarse, ma voûte plantaire, mon talon. Il faut les baigner d'une même quantité de chakra. J'en rajoute ici, puis là... C'est bon.*

Le pied entra en contact avec la roche. Il ne se passa... rien. Il pouvait glisser aisément, ce qui signifiait qu'il n'y avait pas suffisament d'énergie pour adhérer. Tout en essayant de garder une répartition uniforme, Fenris augmenta petit à petit la dose de chakra concentré dans son membre, jusqu'à ce que cela lui paraisse correct. Un coup d'oeil à son camarade pour s'assurer que tout allait bien, et il contracta les muscles de sa jambes pour tenter de hisser son corps. Le pied collait apparemment plutôt bien à la paroi, et il put soulever son autre jambe de quelques centimètres. Jusqu'à ce qu'il pivote quelque peu, et que son appui se fasse sur une autre partie du pied: visiblement, la répartition uniforme avait eu un défaut, et il se fit connaître par un enfoncement de plusieurs centimètres de la roche sous la voûte plantaire. Trop de chakra pouvait repousser la matière, mais aussi s'y insinuer et la détruire, ou tout du moins lui occasionner des dégâts. Les fissures grandirent, alors que Fenris glissait en arrière, n'ayant plus de point de fixation au sol. Quand il fut presque à l'horizontal, il donna un grand coup de reins, et envoya son autre pied contre la paroi, avant de reprendre sa chute pour se réceptionner à quatre pattes.

Il avait déjà vu mieux comme aterrissage, mais cela lui convenait parfaitement pour le moment. Soupirant, il tourna de nouveau la tête vers Nega, lui adressant un bref:

"Alors ?"

Trois fois. C'était le nombre de fois que Fenris avait apposé son pied droit sur la paroi. C'était aussi le nombre de fois qu'il avait malaxé son chakra pour adhérer à la paroi, faite de roche, de terre, et de petits cailloux qui s'effritaient par endroits. Deux fois. C'était le nombre de fois où il avait chuté, se réceptionnant tant bien que mal sur le sol plus meuble. A chaque fois, il y arrivait un peu mieux. A chaque fois son pied gauche se soulevait un peu plus du sol, et tentait de rejoindre l'autre. Et à chaque fois il avait échoué. La première car le chakra n'avait pas été réparti de façon uniforme. La seconde parce que lorsqu'il avait tenté de soulever son corps, la gravité l'avait rattrapé, et que tout son poids sur un seul point d'appui était trop difficile à supporté: il fallait plus de chakra, et l'énergie déjà malaxée n'avait pas suffit. Nouvelle chute. Nouvel échec.

Cette fois, il voulait réussir, c'est pourquoi il avait tout d'abord tenté de faire le vide dans sa tête, avant de se focaliser uniquement sur le réseau chakraien qu'il accueillait dans son organisme. Une vision s'imposa à son esprit: il s'imaginait parfaitement les divers vaisseaux, la position de chakra Tenketsus avec précision, comme s'il les avait toujours connus par coeur. Expiration. Le chakra circulait à toute allure à travers ces canaux, passant par chaque parcelle du corps. Inspiration. Un infime désir, et sur la volonté du garçon, le circuit se modofia. L'énergie physique rejoint un noeud plus important que les autres, dans le buste de l'Etudiant, où elle trouva l'énergie spirituelle. Expiration. Les deux se mélangèrent en tourbillonnant. Lentement. Ou rapidement. Il n'aurait su le dire. Il était ailleurs, en lui. Le résultat fusa vers les pieds. Inspiration. Le signe de la chèvre, et le chakra se diffusa dans toute la voûte plantaire, les orteils, la chair. De manière uniforme. Expiration.

Fenris ouvrit les yeux. Il était face à la paroi. Son pied droit était apposé contre le mur, et adhérer correctement. Le gauche se souleva. Lentement d'abord. A chaque millimètre parcouru, le garçon associait une victoire, et une série d'intenses vérifications pour savoir si son seul appui tenait bon. Plus que quelques centimètres. Qui parurent des kilomètres. Le pied se rapprocha du mur, de la falaise, et s'apposa au côté de l'autre. L'Etudiant suait à grosses goûtes, l'effort demandé à sa jambe pour soulever tout son corps étant physiquement très épuisant, étant donné la lenteur à laquelle il avait effectué le mouvement. Il se posa. Ça y était, ces deux pattes étaient collées contre la roche. Enfin, une était collée, et l'autre s'était déposée non loin. Fenris malaxa de nouveau son chakra, l'envoya dans son autre pied. Manqua tomber par manque de concentration, se focalisa de nouveau sur son membre droit. Ne chuta pas. Le chakra afflua sous le pied gauche. Il se transforma en une membrame adhésive, et le pied vint se 'scotcher' contre la paroi.

L'Etudiant souffla une nouvelle fois. Longuement. Il fit bouger son pied droit: c'était bon, il tenait bien. Le pied gauche ensuite: de même. Il avait réussi ! Ou presque. A peine songeait-il à cela que son chakra parut se diluer au bout de ses pieds. Les papattes ne tinrent plus lieu de point de fixation, et Fenris choya lourdement. Il resta là, allongé de tout son long sur le sol. Dans un immense effort, il tourna la tête vers Nega, qui venait de se receptionner d'une très belle manière, avant de tourner la tête dans sa direction. Leurs regards se croisèrent.

"Je vois que tu te débrouilles bien. Je crois que j'ai compris le truc. Ce qu'il faut, c'est arriver à faire deux parts dans son esprit: une pour le commun, la réflexion, et le reste, et l'autre pour les Jutsus, dans laquelle notre concentration doit être quasi-naturelle. Il ne faut même plus réfléchir, et faire de cette fameuse concentration un réflexe. J'imagine que tu devais déjà savoir tout ça, puisque tu connais d'autres techniques..."

Fenris sourit, et reposa sa tête au sol, fixant le ciel de ses grands yeux d'émeraude. Le prochain essai serait encore meilleur. Il savait comment faire. Le tout était de parvenir à maintenir le chakra naturellement en place, sans plus y songer, et il pourrait alors monter jusqu'en haut du ravin, là où soufflaient les brises fraîches. Il faisait chaud.

"Savoir, c'est beaucoup dire... Dissocier la concentration et la maîtrise du chakra de notre esprit est bien sûr un objectif, mais à part s'entraîner encore et encore, je ne crois pas qu'il existe d'autres moyens d'y arriver."

Fenris soupira: son camarade avait raison, le seul chemin à prendre était celui d'un travail assidu et continu. Rares étaient ceux qui acqéraient des facultés exceptionnelles en un temps record. Mais l'Etudiant s'en fichait. Il se sentait bien. Il s'entraînait, il avait quelque chose à faire, il progressait: tout allait bien. Cela semblait raviver d'anciens souvenirs, plutôt agréables. Le garçon clot les yeux un instant, et calma sa respiration. Puis, décidant qu'il était grand temps de s'y remettre, il ramassa ses jambes par-dessus son corps, et les propulsa à la verticale, décollant légèrement. Il bascula en avant et se remit ainsi sur pied, prêt à reprendre l'exercice. Avec une aisance qu'il commençait à possédait, il malaxa son chakra. Calmement. Puis, il le concentra sous les plante de ses pieds. Les deux. En effets, il ajusterait l'un en fonction de l'autre, et vice-versa. D'abord, le pied droit rejoint la paroi, où il adhéra parfaitement presque du premier coup. Seul un léger changement proportions d'énergie physique/spirituelle du être fait. Somme toute, rien de problématique. Fenris calqua cela dans son pied toujours à terre, sans pour autant l'envelopper de chakra. Puis, il le retira du sol. Doucement. Tout doucement.

Sans mal, les deux pattes se retrouvèrent l'une à côté de l'autre contre le paroi. Le jeune Gesshoku souffla profondément. Ce n'était vraiment pas le moment de faire une erreur. Du coin de l'oeil, il pouvait apercevoir Nega, lui aussi à l'oeuvre. Il hésita à lui faire un sourire, au risque de perdre sa maîtrise de lui-même, et de le déranger tout autant. Fenris leva le pied gauche, et le monta de quelques centimètres au-devant du droit, le reposant contre la roche, où l'adhésion se refit tranquillement. Une victoire de plus à mettre sur le compte du travail et de la persévérance ! Cette fois-ci, Fenris se permit le droit de sourire. Cela ne le troublait plus outre mesure, et il réussit, certes avec quelques difficultés, à maintenir sa position contre la falaise, à l'horizontal. De nouveau, il inspira une grande goulée d'air, avant de continuer. La chaleur le faisait transpirer abondamment, et il avait vraiment hâte d'atteindre le plateau. Il s'agissait là d'une double motivation: d'un côté, ils se poussaient l'un l'autre avec le jeune Kogare à progresser ensemble et plus vite, et de l'autre la température était un bon moyen d'obliger les gens à évoluer.

Un mode opératoire revint soudain en mémoire du garçon. Quelque chose qu'il avait semblait-il complétement délaissé, et qui refaisait surface à ce moment, juste quand il en avait besoin.

*Malaxer. Concentrer. Doser. Jusqu'au 'déclic'. Oui, c'est ça ! Je dois sentir ce palier, qui me signale que c'est bon. Je dois ressentir les réactions de mon organisme. Aller aller. Je dois ajuster. Encore une fois. Là. Je m'approche du but. Je peux le faire. C'est... parfait !*

Fenris décala son autre pied et entama un second pas, tout aussi précautioneusement. Pour être toutefois sûr de lui-même, il tourna la tête vers son compagnon d'entraînement, qui s'attachait à progressait lui aussi. Nega venait de chuter, et il se trouvait à son tour allongé de tout son long. L'Etudiant lui sourit et tenta de lui faire un signe de main, le pouce relevé, ou plutôt à l'horizontal en l'ocurrence... Il faillit bien chuter, mais repris de justesse sa concentration. Comme il pensait avoir passé une étape, il ouvrit les lèvres:

"Nega, est-ce que..."

Peut-être sa maîtrise n'était pas encore suffisante à cet instant... Il chuta. Son pied glissa le long de la paroi, et son buste se rapprocha dangeureusement vite de la roche. Dans un sursaut, Fenris plaça ses mains devant lui, et repoussa le mur de terre, pour se laisser tomber à terre sans trop de problème. Il regarda ses mains rapées, et s'adressa de nouveau à Nega, portant les yeux au ciel du fait de son impatience.

"J'ai une idée. Pour qu'on arrive à maintenir correctement la dose de chakra sous nos pieds, il nous faut une concentration sans faille. Je propose donc qu'en même temps que nous nous exercions, nous parlions, pour apprendre à gérer plusieurs choses à la fois. Qu'en dis-tu ?"

Alors que Fenris terminait d'exposer sa proposition, il entendit son camarade marmonner discrètement, et regréta immédiatement ses propos. Il s'était laissé quelque peu emporté, et avait oublié que Nega était extrémement réservé, et très peu loquace. Entamer une discussion serait pour lui peut-être aussi ardu que de réussir le Jutsu, sinon plus. Le garçon essaya de trouver un moyen de rattraper sa maladresse, mais son compagnon le prit de court. Il entamait le dialogue ? C'était donc un grand pas en avant, à en juger par son comportement habituel. Fenris ne put retenir un sourire, qui éclaira son visage.

"Tu veux parler de quoi ?"

La phrase était simple, presque anodine, mais l'Etudiant imaginait qu'elle était lourde de sens pour le jeune Kogare. Ils commencèrent donc à 'papoter' tranquillement, les jeux de questions-réponses s'enchaînant lentement. Fenris posa son premier pied contre la paroi, après y avoir au préalable malaxé le dose correcte de chakra. Désormais, il ressentait bien mieux ce 'déclic' auquel il avait pensé. Lorsqu'il rajoutait une petite dose de chakra, il sentait un équilibre se créer, ou se briser, et faisait en sorte de le retrouver s'il venait à le perdre. Il souleva son pied du sol alors même qu'il répondait à Nega, sur une question traitant de la chaleur qu'il faisait au bas de la ravine. L'autre membre vint se poser à côté du premier, et les deux adhérer parfaitement à la roche. Fenris respirait calmement, essayant de maintenir la dose idéale d'énergie sous ses pieds, tout en suivant la conversation. Alors même qu'il se trouvait de nouveau à l'horizontal, un mauvais pressentiment surgit dans son esprit: s'ils discutaient, ils en viendraient sûrement à parler d'eux-mêmes. Tôt ou tard. Et de ce côté-ci, le Loup était un peu comme son camarade, peu bavard. De plus, il se verrait contraint à ne pas répondre, ou à mentir, étant donné qu'il ne connaissait pas ce que, ni qui il était. Une autre problématique venait de s'ajouter à la situation. Fenris garda son équilibre, et progressa d'un pas, posa une question. Banale. Fit un autre mouvement.
Dès lors que Nega eut répondu, il ouvrit la bouche. Trop tard.

"Tu as com..."

Mais il ne termina pas sa phrase, et le jeune Gesshoku prit la parole avant de se rendre compte qu'il l'avait peut-être coupé.

"J'ai une idée ! Plutôt que de blablater sur la pluie et le beau temps, et quitte à faire quelque chose d'utile, pourquoi ne pas se poser des devinettes, ou des énigmes ? Ce serait le mieux pour apprendre à se focaliser sur deux choses à la fois, non ? Une concentration optimale sur le Kinobori, et un exercice de réflexion à côté."

Puis, constatant que Nega avait posé le début d'une question, il se hâta de s'excuser, désireux d'écouter ce qu'il avait à dire:

"Pardon, je crois que je t'ai empêché de parler... Tu disais ?"

Pendant ce temps, il avait fait deux pas de plus. Tout doucement.
Sans tomber.

Fenris du prendre son temps pour trouver enfin une énigme à proposer. Rares étaient les fois où il avait joué à ce genre de jeu, et plus rares encore le nombre de fois où il se souvenait l'avoir fait. Pour ainsi dire, sa mémoire étant résolument obstruée, il n'avait pas le souvenir d'avoir exercer ce genre d'activité, mais c'était ce qui lui avait paru le plus naturel. Une idée germa alors dans son esprit. C'était une vieille énigme, que Nega devait sûrement connaître depuis longtemps, étant donné son amour apparent pour la lecture et les renseignements qu'il pouvait trouver dans les livres. Il avait bien du entendre cette histoire auparavant, mais l'exercice n'était pas de se donner des colles après tout: il s'agissait de rester concentré, et fouiller dans sa mémoire une réponse que l'on possédait était peut-être à ce moment tout aussi difficile que d'en chercher une nouvelle, inconnue.

"Voyons voir... Soit une espèce de nénuphar qui double de taille chaque jour. En un mois, soit trente jours, un nénuphar occupe la totalité d'un étang. Combien de temps mettront donc deux nénuphars à couvrir le moitié de ce même étang ?"

Pendant que son camarade préparait sa réponse, le jeune Gesshoku reprit sa marche. Lente. Mais déterminée. Il s'approchait toujours plus du sommet, bien que n'ayant pas même parcouru un quart du trajet. Cela importait peu, il venait de progresser d'une marche nouvelle, au propre comme au figuré, puisqu'il avait réussi à retrouver cette ancienne devinette tout en gardant ses appuis. En se concentrant sur ses pieds, il remarqua toutefois que la répartition n'était plus aussi uniforme qu'auparavant, et qu'il risquait de tomber s'il n'y remédier pas rapidement.
La chaleur pesait lourd sur ses épaules, et ses yeux étaient troublés par la sueur. La température ne leur laissait aucun répis...

*Aller aller. On ne se déconcentre pas. Je malaxe, je corrige. Hop, le palier est atteint, c'est la bonne dose. Je dois me tenir à l'écoute de mon corps, pour pouvoir corriger dès que la trajectoire dévie. Le pied droit tient la route, le gauche aussi... Ça m'a l'air plutôt bon. Je continue.*

En soulevant de nouveau son pied pour avançait, il tourna la tête vers Nega, à l'écoute de sa réponse, et sûrement par la suite, d'une nouvelle énigme, cette fois-ci à son adresse. L'entraînement se déroulait bien. C'était une belle journée. Et ils y arriveraient certainement dans peu de temps. Le jeune Kogare avait l'air de bien se débrouiller lui aussi, et il avait d'abord décidé de tenir en équilibre à l'horizontal. Fenris désirait voir s'il avait commencé à marcher à sa suite.

Fenris arrêta son ascension, le regard toujours en direction de son compagnon. Il ne voulait pas prender trop d'avance, sinon cela les gêneraient dans leur conversation, et fut heureux de constater que Nega prenait un peu d'assurance. Le garçon contrôlait son chakra avec calme, et était d'autant plus content quand il se rendit compte qu'il arrivait à penser à autre chose que ses pieds et que ceux-ci ne lâchaient pas prise. Pourtant, la réponse de Nega le surpris et il faillit tomber à la renverse. Le jeune Kogare s'était trompé. Fenris aurait préféré le contraire, cela lui aurait évité une explication, mais avec regret il pris tout de même la parole:

"Faux. Si un nénuphar qui double de taille chaque vingt-quatre heures occupe tout un étang en trente jours, il en couvre donc la moitié en vingt-neuf jour, et le quart en vingt-huit. Avec deux nénuphars, chacun s'étend sur un quart, soit la moitié, en vingt-huit jours seulement, puisqu'ils sont deux."

Le Loup observa ses pattes. Elles adhéraient désormais sans encombre à la paroi quasi-verticale, et seul l'effort de son poids maintetnu par deux points de fixation le ralentissait dans sa montée. S'il ne résistait pas correctement, ses chevilles partiraient en arrière, et il basculerait dans le vide. Le chute serait d'autant plus longue qu'il avait parcouru près d'un tier du chemin le séparant du haut-plateau. Nega posa ensuite sa propre devinette:

"Ils font la beauté d'un rosier mais la laideur d'une femme."

Fenris entra alors dans une profonde réflexion. Jamais il ne l'avait entendue auparavant. Beauté d'un rosier, laideur d'une femme... Les épines ? Non, cela ne faisait pas la beauté d'un rosier, son charme peut-être, un charme sauvage, un danger, mais de toutes façons on croisait peu de femmes à épines. Les feuilles ? Les fleurs et les femmes n'avaient pas cela non plus en commun. Les pétales ? Idem. Le garçon chercha longuement, ayant relativement peu de connaissances en matière florale, et il dut passer en revue tout ce qui pouvait constituer une fleur. Quand enfin il trouva un point commun entre la femme et le végétal, il constata que cela correspondait sûrement à la solution de l'énigme.

"Hum... Les boutons ?"

En effet, un bouton de rose était très beau, empreint d'un douceur, un cocon duveteux dans lequel reposait la fleur, avant d'éclore et d'exposer au grand jour ses grands pétales. Un rosier portait de nombreux boutons en de bonnes périodes, et si une femme pouvait aussi en arborait, ce n'était certainement pas fièrement, et la pensée commune majoritaire ne considérait pas cela comme une marque de grande beauté. Oui, en y rélféchissant encore, cela ne pouvait être que cela.

Fenris stationnait encore, à l'horizontal, cherchant une nouvelle énigme. L'idée lui vint après quelques minutes, et il s'empressa de l'exposer avant de la perdre:

"On organise un tournoi. Il y a mille inscrits. Chaque match se fait en un contre un avec élimination directe. Si après une série de duels il reste un nombre impair de participant, l'un d'eux est qualifié d'office pour le tour suivant. Combien y aura-t'il de matches au total pour désigner le vainqueur du tournoi ?"

Fenris écarquilla les yeux en voyant Nage chuter. Il tendit sa main dans la direction du jeune Kogare. Par pur réflexe. Inutilement. L'autre Etudiant se releva apparemment sans mal et entreprit de remonter petit à petit. Il semblait réfléchir intensément, et le Loup se douta qu'il était sur le point de résoudre son énigme. Après quelques secondes, il donna sa réponse. La bonne.

"Je dirais 999 matches"

"Tout à fait." lui répondit simplement le garçon en lui adressant un signe de la main, le pouce bien haut levé.

Nega continuait sa montée, tandis que Fenris se tenait toujours perché un peu plus haut. Il n'avait toujours pas progressé, et préférait attendre son compagnon. Pour tester sa maîtrise du Jutsu, il se balançait de gauche à droite, vérifiant la qualité de l'adhésion, ou de bas en haut pour le répartition uniforme de son chakra sous la voûte plantaire. Jusque là, tout allait pour le mieux, bien qu'il ait failli tomber plusieurs fois, et s'étant rattrapé au dernier instant en réajustant le dosage de l'énergie. L'Etudiant regarda une fois de plus à ses pieds, histoire de discerner dans la roche contre laquelle il était collé, si il n'y avait pas une quelconque micro-fissure qui aurait trahi une erreur de sa part. Et il y en avait. Infime certes, mais suffisante pour faire prendre conscience à l'élève qu'il ne fallait en aucun cas relacher ses efforts. Il se décala alors sur la droite, évitant de rester sur les fentes dans la paroi, qui risquaient de s'élargir, et se rapprochant par la même occasion de son camarade. Ce dernier lui dicta alors une nouvelle énigme:

"Je suis dans un palais mais je ne suis pas un roi,
je suis toujours mouillé mais je ne suis pas dans l'eau.
Qui suis-je ?"

Fenris soupira. Encore le même genre qu'avant. Des métaphores, des comparaisons mystérieuses... Jusqu'à présent, en dehors de l'étourderie —c'était ce que pensait le Loup, de Nega, ils avaient tous deux trouvé les réponses aux devinettes. Ce nétait pas le moment de faire une erreur, s'il voulait rester dans l'estime de son certainement futur coéquipier. Tout d'abord, il constata que sa prise sur la falaise était toujours correcte.
Il pouvait maintenant d'atteler à résoudre cette énigme, si farfelue fut-elle. Dans un palais sans être roi, être mouillé mais pas dans l'eau... Un Mizu Bunshin en mission d'espionnage ? Nan, tout de même pas. Il fallait vraiment quelque chose de différent. Le Dieu de la Mer ? Ça ne pouvait pas, puisqu'il se devait sûrement de vivre dans ladite Mer. Quelque chose le turlupinait: 'toujours mouillé'. Si on sort de l'eau, alors forcément, tôt ou tard, on en vient à sécher, et donc la question perd son sens. Il faisait chaud. Fenris regarda ses bras, où la sueur perlait abondamment: lui aussi était mouillé, trempé même, et il ne se trouvait certainement pas dans un palais ! Une goutte perla sur son front. Elle coula jusqu'à ses yeux, suivit l'angle de l'arcade sourcillière, puis longea le nez, avant de glisser sur la lèvre supérieure. L'Etudiant utilisa sa langue pour enlever cet élément importun. Sa langue...

*Mais c'est bien sûr ! Comment je n'y ai pas pensé plus tôt !*

Sa concentration soudain relachée, ses talons rippèrent sur la roche, et il se trouva brutalement 'debout' face à la paroi, à plus de trois mètres du sol. Un soubresaut, poussé par l'instinct, et ses mains s'apposèrent contre la terre, les doigts recourbés, alors que le corps entamait une chute qui serait sans aucun doute douloureuse si elle aboutissait. Inversant la situation, il se hâta tant bien que mal de malaxer son chakra dans ses mains, puis de le rendre uniforme, alors que les paumes de ses mains étaient déjà couvertes d'éraflures. Lentement, sa course fut ralentie, très lentement. Trop. Un dernier effort de volonté, et ses mains adhérèrent la terre, ses doigts trouvèrent une prise. Ses pieds n'étaient plus qu'à quelques centimètres du sol quand il arrêta sa descente. Un soupir de soulagement s'éleva de ses lèvres, et il se contorsionna tant bien que mal pour que ses pieds touchent à nouveau la roche. 'Remis debout', il recommença à grimper. Plus vite qu'auparavant, alors que son cerveau continuait ses réflexions.

*La langue, elle est dans un palais: la bouche, avec le palais au dessus d'elle, et elle est toujours humide, à cause des sécrétions salivaires, bien que rarement innondée. Cette trouvaille m'a surpris, et j'ai bien eu de la chance d'éviter de me blesser... Ça m'apprendra, tiens.*

Finalement, il réussit à se tourner vers Nega pour lui annoncer la réponse:

"Je pense qu'il s'agit de la langue."

Ayant fait plusieurs pas, Fenris réussit à trouver, dans les tréfonds de sa mémoire, une nouvelle devinette, qu'il exposa sur le ton le plus mystérieux qu'il put:

"Quand je vis, je dévore tout.
Quand je bois, je meurs.
Qui suis-je ?"

Il était fort probable que le compagnon d'entraînement de l'Etudiant trouve rapidement la réponse, et lui pose ainsi une éniéme question...

Nega avait repris sa progression, et même s'il préférait y aller doucement, il ne faisait aucun doute qu'il accélérait progressivement. La mince couche de chakra qui assurait l'adhésion était maintenant une compagne pour lui, il en connaissait les moindres recoin, le dosage précis et la répartition liée tant aux aspérités du pied qu'à celles de la falaise sur laquelle il marchait, dans une position peu orthodoxe. S'il avait été assez décontenancé au début, cela commençait maintenant à devenir naturel de se déplacer ainsi. Les foulées se faisaient donc un peu plus longues, atteignant la même taille que celles qu'il faisait sur la terre ferme. Il rejoignait son camarade, tranquillement, celui-ci l'attendait, et d'une certaine façon, il appréciait cette attention. Fenris chuta et il déglutit un peu inquiet, il aurait aimé le rattraper mais il était trop éloigné. Heureusement, le jeune loup trouva la solution lui-même, et il appliqua le kinobori avec ses mains. Expérience intéressante. Nega saurait s'en souvenir. Et alors qu'il se mettait à remonter, il donna la réponse.

"Je pense qu'il s'agit de la langue."
"Bien joué, c'est ça"

La bonne réponse, bien sûr. Nega s'arrêta et stabilisa sa position. A son tour, il attendrait Fenris. Quelque chose lui disait que cette fois serait la bonne, et qu'ils allaient désormais grimper côte à côte jusqu'au sommet. Ce serait là une belle récompense pour les efforts consentis. Enfin, il fallait encore le faire, pour l'instant cela n'était encore qu'un voeu pieux.

"Quand je vis, je dévore tout.
Quand je bois, je meurs.
Qui suis-je ?"

*Fiouuuu aucune idée. Quand je vis, je dévore tout. Un animal, sûrement. Mais quand je bois, je meurs. Non, ce ne peut pas être un animal. Il ne meurt pas quand il boit. Alors quoi ? Elle est plus dure celle-là, je ne vois pas du tout. Pourquoi quelque chose mourrait en buvant. Ah, ça y est, je le tiens.*

"C'est une flamme ou bien le feu, non ?"

Il réfléchit un moment, cherchant une autre énigme. L'adhésion à la paroi lui posait moins de problèmes que trouver un sujet. Il se pencha un peu vers le bas, histoire de faire affluer le sang vers le cerveau. Pour l'aider. Il avait légèrement ajusté la répartition de son chakra pour maintenir la position malgré ce déséquilibre volontaire. Enfin, il se rappela d'une histoire qui lui avait bien plu.

Un shinobi a été capturé par les forces de Konoha. Il est ligoté et ne peut donc pas faire appel au Nawakane. L'Hokage lui laisse le choix, elle lui dit: "Si la prochaine chose que tu dis est une vérité, tu seras pendu. Par contre, si tu dis un mensonge, tu seras noyé." Le shinobi est encore en vie. Comment a-t-il fait ?

Fenris rattrapait peu à peu son acolyte. Sa progression se faisait plus sûre au fil du temps. Après tout, l'heure — ou plus, qui savait ? Le temps n'avait pas vraiment d'importance à ce moment, qu'ils avaient passée à s'exercer se révélait peut-être finalement bénéfique. Depuis un bon moment déjà ils arrivaient à avancer, tout en parlant, et réfléchissant. Les devinettes se faisaient de plus en plus corsées, et pourtant, la difficulté de se concentrer tant sur ses pieds que sur les questions ne s'imposait plus comme un dilemme cornélien à l'esprit de l'Etudiant. Son chakra était étonnement uniforme, presque parfaitement réparti, et il adhérait avec une qualité des plus convenables. Chaque pas était un régal: sentir l'attraction de la Terre vous tirer vers le bas, alors que vous-même avancez tranquillement sur un support vertical, sans aide de vos mains aucune, avait quelque chose de jouissif. Et Fenris en profitait pleinement.

"C'est une flamme ou bien le feu, non ?"

"Tu es encore dans le vrai."

Il n'avait pas réussi à piéger son camarade. Décidément, Nega était vraiment doué. Il avait en plus de cela résolut l'énigme dans les plus brefs délais. Désormais, il lui fallait trouver un nouvelle devinette. Elles s'enchainaient à un bon rythme depuis le début. Combien en avaient-ils posées ? Cinq ? Six ? Plus ? Dans tous les cas, cela leur avait permis d'apprendre d'autant plus vite le Kinobori. Et cela avait permis à Fenris de faire parler Nega, ce qui était, en soi, un victoire.
L'autre lui posa alors une nouvelle devinette, nettement plus ardue.

"Un shinobi a été capturé par les forces de Konoha. Il est ligoté et ne peut donc pas faire appel au Nawakane. L'Hokage lui laisse le choix, elle lui dit: "Si la prochaine chose que tu dis est une vérité, tu seras pendu. Par contre, si tu dis un mensonge, tu seras noyé." Le shinobi est encore en vie. Comment a-t-il fait ?"

Fenris se tritura les méninges durant un long moment, retournant et ressassant toutes les possibilités, chaque situation immginable. Une vérité, il mourrait. Un mensonge, aussi. Le tout serait de dire une phrase qui ne serait ni vraie ni fausses. Mais comment faire ? S'il annonçait qu'il allait mourir pendu, ce serait vrai, sans appel, et il serait donc mis à la potence. En revanche... En revanche, s'il annonçait que sa mort se ferait par noyade, c'était une vérité, et il serait pendu, la transformant donc en mensonge, et vice-versa: si on le noyait ce n'était plus un mensonge.

"Il a dit qu'il mourrait noyé."

Enfin, ce n'était pas spécialement le moment adéquat pour y songer, et il devait plutôt se concentrer sur une nouvelle énigme. L'idée naquit dans son esprit, et poussa, telle le bouton de rose évoqué par le jeune Kogare plus tôt dans la discussion. Elle s'étendit, grandit, encore et encore, jusqu'à arriver à maturité, et Fenris la récita aussitôt à Nega, dès lors qu'il eut atteint son niveau sur la paroi.

"Défiant les lois connues, je cours. Sans m'arrêter, sans tomber, je cours. Inlassablement, jusqu'à ce que je rejoigne mon but, mon objectif, je cours. Qui suis-je ?"

Attendant la réponse de son compagnon le Loup observa ses membres, apposés contre la roche. Le mélange des deux énergies parcourant son corps y était minutieusement diffusé, pour un résultat des plus convaincants. Les deux Etudiants se trouvaient alors vers le milieu de la falaise, et en regardant en bas — pas trop longtemps tout de même, le jeune Gesshoku put constater l'évolution qui s'était faite durant leur entraînement. Et une conclusion lui vint à l'esprit: cette séance n'avait pas été vaine.

Fenris n'attendait en réalité pas de réelles réponses de son camarade. En effet, il n'avait pas fondé sa devinette sur quelque chose d'existant, ni quelque chose qu'il aurait pu connaître, et qui aurait ressurgi tout à coup. En réalité, plus il y réfléchissait, plus il se rendait compte que sa question pouvait être interprêtée... de différentes manières. Le garçon grommela intérieurement, car il était trop tard pour modifier son propos, et il se devait de laisser Nega réfléchir. Faisant jouer le pression sous ses pieds, se basculant dans toutes les directions possibles, lachant un pied (puis les deux [O_O] XD), puis l'autre, il faisait passer le temps comme il pouvait. Il ne doutait en aucun cas que son compagnon ne trouve de réponse, étant donnée sa capacité à faire fonctionner sa matière grise. Le plus logique était, sans nul interrogation possible, le temps, la quatrième dimension, qui permettait aux trois autres d'évoluer dans un repère. Sans le temps, il n'y aurait plus de limites. Néant et Inifini nous paraitraient identiques, puisqu'on ne pourrait plus juger de leur 'tailles' respectives...
Aucune loi ne régit le temps, sinon les mesures que les hommes se sont appliqués à y faore correspondre. Secondes, Minutes, Heures... Que représentaient-elles si l'ont changeait de référentiel ?

"Je dirai le temps."

Nega avait répondu, bien que sa voix ne paraissait pas aussi sûre, appuyée qu'auparavant. L'énigme du jeune Gesshoku était, il fallait bien l'admettre, un peu ambiguë si l'on y cherchait une réelle signification. Avant toutefois que le Loup n'eut pu répondre, il vit son ami, car il commençait un peu à le considérer ainsi, s'étant ouvert comme il ne l'avait pas fait depuis son 'réveil', ayant discuté aussi longuement, honnêtement... Certes, il ne s'était agi que de questions, d'un jeu de va-et-vient avec des devinettes, des réponses, et jamais de réelles informations sur chacun d'eux, mais l'échange avait duré, plus longtemps que ne l'aurait espéré, ou tout simplement imaginé Fenris. Le jeune Kogare, comme un peu gêné de dire cela, fit une demande, la seule depuis que l'Etudiant le connaissait:

"On essaie d'accélérer pour atteindre le sommet avant la nuit et rentrer ? Sinon, je crains que ma grand-mère ne s'inquiète en ne me voyant pas rentrer."

Fenris lui adressa un grand sourire, et s'empressa de répondre:

"Pour tout t'avouer, bien que 'le temps' soit une très bonne réponse, je pensais plutôt à nous, ou l'un de nous. Le premier qui arrivera au sommet de cette falaise pourra être nommé 'réponse à l'énigme' en quelque sorte. A croire que tu lis dans mes pensées. Allons-y !"

Le garçon, toujours souriant, s'élança. A la verticale. Ses pieds adhéraient parfaitement désormais à la roche, et il n'avait plus aucun soucis pour se concentrer sur un autre élément en même temps. Le chakra lui assurait de solides appuis et, courbé en avant, presque parallèle à la ravine, l'Etudiant poussa de toutes ses forces sur ses jambes, essayant de faire les plus grands pas possibles. Son but: le sommet. La récompense: le repos, et la brise fraîche qui les attendaient, pour l'instant hors de portée.
Le Loup bondit.

[HRP: Post court. Pas d'idée, et fatigué =| /HRP]

L'Etudiant enchainait les pas. Les uns après les autres. Tous plus difficiles les uns que les autres. Les muscles commençaient à rechigner à avancer, mais le garçon ne s'en souciant guère, continuait sa montée. Peu à peu, il arrivait à accélérer, son poul rythmant comme sa respiration les efforts qu'il effectuait. En anaérobie, il atteignit finalement le sommet, qui s'était rapproché à chaque seconde, et qu'il avait gardé comme objectif. Pour oublier la douleur le lançant. Pour pouvoir mettre à profit son entraînement et ne plus avoir à se concentrer uniquement sur ses pieds. Le sommet. La falaise. Le plateau. Enfin.

*Yat... ta... On a appris... le... Kinobori.*

Le jeune Gesshoku, debout sur un sol plat, une étendue de terre et de roche, encore une fois, écarta les bras, et se laissé brièvement porter par la brise. L'air chaud venait caresser son visage, et faisait voler ses mèches pâles et rebelles. Puis, il se laissa tout simplement tomber à terre, reprenant petit à petit un souffle régulier. Ses respirations ralentirent. S'espacèrent. L'après-midi avait été des plus éprouvantes, et il n'était pas peu fier d'en avoir fini avec l'apprentissage de cette technique. Marcher sur les murs... Le jeu en valait la chandelle ! Attendant que Nega pointe le bout de son nez, le Loup s'assit, et s'étira, tranquillement. Il restait à distance de la ravine, et s'abstint de crier un "J'ai gagné !" victorieux: il n'avait rien gagné du tout, bien qu'il avait lancé l'idée de course, et ce n'était pas dans sa nature de toutes les manières. À quoi bon ? De plus, s'il était resté à regarder son camarade, cela n'aurait pu que lui démontrer qu'il était moins rapide, ce qui se résolvait rapidement avec de l'exercice, et puis Fenris n'avait pas l'intention d'être tenté de l'aider: il sentait que le jeune Kogare voulait le faire seul. Ainsi, se relaxant au gré des courants d'air, le Loup laissa ses oreilles écouter les murmures du vent, jusqu'à ce que Nega atteigne lui aussi le rebords.

*Plop Pouf*

Fenris redressa la tête. Toujours assis, il s'était auparavant prélasser longuement, profitant de ce temps de repos dont il pouvait profiter. Le bruit l'avait sorti de sa courte torpeur, et il songea un instant que Nega avait chuté, et s'était rattrapé au dernier instant. Puis, l'idée même que son camarade puisse rater l'exercice en vint rapidement à lui devenir absurde, et il en conclut qu'il s'agissait du vent qui jouait avec ses sens. De toute évidence, le bruit avait été très faible, comme étouffé. Il ne pouvait s'agir aucunement d'un autre individu: discrétement, presque instinctivement même, le Loup n'avait pu s'empêcher d'analyser leur environnement tout le long de l'après-midi, scrutant les alentours. Et lorsqu'il avait atteint le sommet, son observatoire lui avait offert une vue plus dégagée encore. Personne n'aurait pu venir les déranger, et qui se serait d'ailleurs aventuré en ces lieux reculés ?
Alors, quelle ne fut pas la surprise de l'Etudiant lorsque la première personne qu'il vit apparaître, effectuant un Kinobori sur la paroi de roche, fut Sanosuke Sagaara, Chuunin d'Iwa, et Senseï des deux garçons. Non, il ne pouvait s'agir de lui. C'était tout bonnement impossible.

*Oula. Il y a quelque chose qui cloche. Je ne doute pas des capacités de notre professeur, mais toutefois, un truc me dérange. Il n'aurait pas pu nous rejoindre ainsi. Et Nega m'aurait prévenu. Donc, j'ai deux possibilités: soit Nega savez que Sanosuke-senpaï viendrait nous rendre visite, soit...*

Fenris observa attentivement le garçon, qui se tenait à côté de son compagnon, bien droit, ses grands yeux fixés sur lui telles des perles de nacre. Décidément, il y avait bien une chose qui ne collait pas. Mais quoi ? Les habits... Qu'importaient les habits, il était possible de se changer, et ces vêtements-ci, leur professeur les avaient portés, lui semblait-il, leur premier jour à l'Académie. Les cheveux... Sombres, de jais, lachés, cela correspondait. Le visage. Aussi. Puis, le regard d'émeraude de l'Etudiant croisa celui de son soi-disant enseignant. Et ce fut à ce moment seulement qu'il comprit. Attrapant vivement une poignée de terre à côté de lui, il s'empressa de la jeter vers le Bunshin avant que celui ne réagisse. [Je vais écrire des conclusions, j'espère que ça dérangera pas. Sinon j'éditerai ;) ] Dès que la poussière toucha l'illusion, celle-ci se troubla, et finit par se dissiper, quelques instants après. Le Loup regarda son camarade, une moue amusée peinte sur son visage.

"Vraiment, tu connais plein de techniques. C'est génial ! Moi, pour tout te dire, je n'ai dans mon répertoire que le Kinobori, si l'on peut considérer l'entraînement d'aujourd'hui comme une acquisition. J'ai failli me faire avoir, et ta combinaison du Bunshin et du Henge était vraiment géniale. Cependant, le Henge posé problème. Je ne mets en aucun cas en tort ta métamorphose, seulement, ses yeux... Les yeux de Sanosuke-senpaï ont quelque chose de particulier. Une dureté froide en apparence, les pâles iris... Mais aussi une certaine étincelle au fond. J'ai plusieurs fois remarqué aussi, que tu prenais beaucoup de propos de notre senseï comme des reproches. Je t'assure que Sanosuke-sama n'est pas aussi froid que tu le crois. C'est son apparence, son grade, sa fonction, qui influe peut-être nos réactions à certains propos, mais si tu fais attention, tu verras qu'au fond, il n'est pas aussi antipathique."

Fenris adressa à son, il l'espérait tout du moins fortement, futur équpier, un grand sourire. Il se voulait rassurant, chaleureux, car il n'avait pas fait que l'éloge de Nega et était même allait jusqu'à remettre en cause une partie de son comportement... Ce n'était peut-être pas la meilleure des manières pour entretenir un feu dont les flammes peinent encore à pointer, mais le jeune Gesshoku pensait alors que l'honnêteté était ce qu'il y avait de mieux. Sachant Nega supérieur, il ajouta:

"Juste une question, puisque je vois que tu maîtrises le Henge. Il s'agit d'une technique de Genjutsu illusoire qui consiste à s'envelopper —donc un peu le même principe que le Kinobori, d'une fine pellicule de chakra, à laquelle on donne la forme désirée. Ainsi, lors de l'expulsion, il faut modéliser parfaitement l'objectif, tant physiquement que psychologiquement si c'est un être vivant, et malaxer le chakra. Corrige-moi si je me trompe, surtout n'hésite pas. Et, pour en revenir à ta essai, je pense que tu connais bien la technique, et tu l'as parfaitement réussie, selon ton point de vue. Il te faudrait une orientation plus subjective, maintenant, et j'espère que mon avis te permettra d'endosser plus facilement le rôle de Sanosuke-senseï."

Le garçon réfléchit un instant à ce qu'il venait de dire. Depuis qu'ils se connaissaient, aucun d'eux n'avaient autant parler, preuve qu'une certaine proximité s'instaurait entre eux deux. Et Fenris en était d'autant plus heureux. Il malaxa son chakra, en s'empressa de le répartir, le plus discrètement possible, dans tout son organisme. Il n'avait pas fait de signe pour s'aider, et l'exercice se révélait un peu plus difficile, mais qu'importait, il allait tenter de faire une surprise à Nega...