[Entraînement] La caverne de l'ancêtre

Les indications du parchemin étaient claires, détaillant les diverses étapes qui conduiraient le jeune Kogare là où son grand-père souhaitait qu’il se rende. Il avait pris quelques jours avant de se décider à s’y rendre. En un sens, cela représentait la suite du jeu de pistes que son aïeul lui proposait. Il s’était levé à l’aube, comme bien souvent, et enfilant son sac à dos, il avait dit à sa grand-mère, en deux mots, qu’il n’était pas nécessaire de l’attendre. Il passerait probablement plusieurs jours à s’entraîner. Il ne lui avait pas dit où, ne souhaitant pas plus lui dire la vérité que lui mentir. Le début du chemin s’était révélé fastidieux, il l’avait déjà emprunté à de nombreuses reprises, traversant le pays de la roche, et sautant de canyon en plateau rocailleux. Aux abords de la forêt d’Enmore, il avait pris vers le sud, jusqu’à retrouver un paysage plus désertique encore que les plateaux des environs d’Iwa. Le relief restait très vallonné, et il s’agissait également de plateaux, mais ceux-ci se révélaient réellement arides, il pénétrait en fait dans le reg du sud. Il vida sa gourde en peu de temps, les gouttes de sueur s’amoncelant sur ses tempes, alors qu’il filait vers sa destination. Il n’y avait pas un souffle de vent, et la lumière du soleil se faisait de plus en plus intense à mesure que celui-ci montait dans le ciel bleu azur. Nega commençait tout doucement à s’inquiéter, il craignait de ne pas être capable d’atteindre son lieu d’entraînement, ou d’initiation, à voire comment on interprétait ce pèlerinage mystique sur les traces d’un ancêtre disparu. Plus il progressait, et plus il sortait souvent le parchemin, pour s’assurer qu’il ne s’était pas fourvoyé en prenant tel ou tel embranchement. Le paysage stérile s’étendait à perte de vue, et seuls les rochers aux formes étranges lui permettaient de se diriger en suivant les consignes laissées par le vieux Kogare. Son shunshin était déclenché, comme toujours, lorsqu’il effectuait de longs déplacements, il lui permettait d’être à la fois plus véloce, et plus résistant.

*Lorsque tu verras le grand plateau en forme d’escalier, tu pourras te réjouir, tes efforts seront presque à leur terme. Dans un premier temps, en tout cas…*

Et effectivement, le fait de voir l’escalier en question avait fait pousser un soupir de soulagement à Nega, qui retrouvait la motivation nécessaire pour mener à bien son entreprise. Il regrettait de ne pas avoir pris un foulard pour se protéger d’une éventuelle insolation, et pour une fois, se montrait plein de gratitude pour l’énorme touffe de cheveux rebelles et ébouriffés qui coiffait son crâne. Sans elle, il se serait probablement évanoui en cours de route, et les chances qu’on le retrouve par ici étaient bien minces, au vu du peu de passage. Il voyait au loin lorsqu’il passait par les hauteurs, et à perte de vue, on n’apercevait personne, ni hommes, ni animaux, pas même une relique de végétation préhistorique qui aurait survécu au temps, de par son adaptabilité et sa robustesse. Les derniers mètres furent pénibles, même s’il savait être près du but. Il mit bien trop de temps à son goût à trouver l’entrée de la caverne, et la déception n’en fut que plus grande, en constatant que son entrée était bouchée. En se collant à la paroi de l’entrée, il parvenait à bénéficier d’un petit coin d’ombre salvateur, mais cela ne pouvait compenser le manque d’hydratation chronique qui le frappait. La paroi qu’il avait devant lui avait été élevée grâce au chakra, il en avait la certitude, rien qu’à voir sa forme, la régularité des aspérités qui la parcouraient. Il ne pouvait pas rebrousser chemin, sachant qu’il ne retournerait pas à Iwa en un seul morceau dans de telles conditions. Il chercha un moyen d’ouvrir la porte, mais n’en trouvait aucun. Il songea qu’il y avait peut-être un moyen de contourner l’obstacle en maîtrisant le chakra de type doton, mais ce n’était pas son cas, et il dut se résoudre à accepter que la seule solution qui lui restait était de le détruire, purement et simplement. Il se recula d’un bond, tout en malaxant son chakra de type raiton.

"Raiton, kokyuu"

Le souffle électrique du jeune Kogare fut sans effet sur l’épaisse paroi qui protégeait l’entrée de la grotte. Il réitéra l’essai, en se concentrant plus longtemps et en donnant sa puissance maximale, que ce soit en terme de quantité de chakra, ou en puissance de l’inspiration et de l’expiration. La paroi restait intacte, ne montrant pas même une légère éraflure. Nega se revoyait en face des rochers qu’il avait démoli, dans le terrain vague non loin de sa maison, et il ne pouvait que se rendre à l’évidence, la taille de l’objet qu’il cherchait à mettre en miettes n’avait rien de commun avec ses précédents essais. Seulement, il n’avait pas le choix, c’était ça ou mourir…

"Raiton, kokyuu"
"Raiton, kokyuu"
"Raiton, kokyuu"
"Raiton, kokyuu"
"Raiton, kokyuu"
"Raiton, kokyuu"
"Raiton, kokyuu"

Ses tentatives se révélaient aussi peu encourageantes que les précédentes, alors même qu’il avait l’intime conviction d’y mettre plus de puissance encore. Cela restait malgré tout insuffisant. Et le soleil continuait son travail de sape, incessant et harassant. Le corps de Nega ne suivait plus, et ses jambes se mirent à trembler, il sentait sa tête tourner, prêt à tomber dans les vapes qu’il était. Sa tignasse ne suffisait pas à le protéger des rayons que l’astre dardait spécialement à son attention. Ses genoux lâchèrent, et il se retrouva à terre, à quatre pattes, incapable de se reprendre. Un ultime effort l’amena contre la paroi, en rampant. Il se colla contre elle, cherchant à échapper à la malédiction de la chaleur qui l’assaillait. Couché sur le flanc, la tête contre la roche, seul son dos était encore une cible pour les ondes de chaleur. Tenir, juste quelques heures, pour laisser le temps au soleil de laisser place à la lune. Chaque minute durait une éternité, dans la position inconfortable qu’il avait adoptée, de force. Il revoyait sa vie défiler, lisant les parchemins de son grand-père, se demandant ce qu’il aurait aimé dire à sa grand-mère s’il avait su qu’il ne reviendrait pas d’ici, ce qu’il aurait aimé dire à sa mère s’il l’avait revue en rêve, et ce qu’il avait sur le cœur concernant ce père absent qu’il n’avait pas encore totalement laissé tomber dans l’oubli. L’espoir de le retrouver vivait toujours dans le cœur de Nega, et ce fut peut-être ce qui le sauva, en l’empêchant de lâcher, de baisser les bras. Il avait encore à faire, cela ne pouvait pas s’arrêter là.

Son chakra se régénérait petit à petit, et il se sentait à nouveau capable de malaxer son chakra électrique, pour le transformer en énergie pure, qui finirait par détruire la pierre damnée qui le séparait de son but. Le soleil était encore là, même s’il avait entamé sa descente, et il était impensable de se replacer à sa portée, si c’était pour se remettre dans la même situation que quelques heures auparavant. Etait-ce vraiment des heures ? Il serait bien incapable de le dire. Son chakra pourtant était en ébullition, prêt à s’attaquer à la pierre, et à la transformer en une substance friable. Nega malaxait son chakra raiton, qu’il avait placé dans son estomac, question d’habitude, encore et encore. Même si ce n’était pas vraiment le moment, il se dit qu’il pourrait en profiter pour s’entraîner à le faire migrer. Il le dispersa ainsi dans son corps, avant de le regrouper en une boule massive d’énergie concentrée non loin de son épaule droite. Il sentait l’énergie pulser en lui, et il la poussa jusqu’à l’extrémité de son bras, désireux de la libérer plutôt que garder une source aussi instable en lui, un peu comme s’il avait peur qu’elle n’implose en lui. De petits picotements vinrent parcourir sa main, et de petits éclairs apparurent, les accompagnant. Les grands yeux incrédules de Nega se posèrent sur cette main, alors qu’il commençait à comprendre ce qui venait de se passer. A posteriori, et en murmurant, il prononça le nom de la technique qu’il était en train d’accomplir, bien involontairement.

"Raiton no mai"

Quelques secondes plus tard, la première fissure s’inscrivait sur la paroi…

Un sourire de triomphe avait accompagné l’apparition de la minuscule fissure. Nega n’aurait su dire si elle était due au seul raiton no mai, ou si les multiples kokyuu que la paroi avait subies l’avaient fragilisé suffisamment pour permettre ce premier succès.

*C’est ça, ne pas lâcher, je vais y arriver*

La phrase valait son pesant d’or. Les éclairs continuaient à zébrer la paroi, provenant de sa main, appliquée, les doigts écartés et la paume ouverte. Il tentait de transférer un maximum d’énergie, pour détruire le mur de l’intérieur, en l’effritant petit à petit. Son instinct lui disait que détruire l’équilibre de la roche lui permettrait de prendre le dessus sur l’obstacle, comme il l’avait fait précédemment avec les pierres du terrain vague. Le plus dur était de trouver un angle d’attaque. Une fois que la brèche était là, il suffisait d’insister jusqu’à l’agrandir, pour affaiblir l’ensemble du complexe rocheux. La main ne bougeait pas, focalisée sur l’endroit où la fissure était apparue. Tous ses efforts étaient concentrés là, et le travail se faisait intérieurement, où il malaxait son chakra de type raiton pour alimenter sa main en chakra en permanence. Il travaillait si intensément qu’il fut bientôt à nouveau à cours de chakra. Il ferma les yeux un instant, s’étirant pour essayer de se débarrasser des contractures qui commençaient à s’emparer de ses muscles, au fur et à mesure qu’il restait dans cette position si peu naturelle. Le contact froid de la pierre contre sa joue commençait aussi à l’irriter, lentement mais sûrement. Il tenta de bouger pour trouver un autre moyen d’échapper aux terribles rayons chauffants, mais au final, c’était presque pire, il n’arrivait plus à rester en place de lui-même. Il lui fallait gainer son corps en forçant comme un damné avec ses abdominaux et ses dorsaux, un véritable calvaire. Un bref coup d’œil à l’éraflure pour constater qu’elle était toujours là, cela lui redonna un brin d’espoir, lui permettant de tenir le coup. Il ne pouvait dire à coup sûr qu’elle avait grandi, mais au fond de lui, il en était convaincu, il fallait qu’elle ait grandi, que ce ne soit pas un simple coup de chance, ou une facétie du destin.

Son chakra se régénérait doucement. Il le sentait à nouveau affluer par les tenketsus, et petit à petit il se sentait à nouveau en état d’y faire appel. Cette fois-ci, il décida d’économiser son chakra pour être plus efficace, et pour cela, il connaissait une méthode éprouvée. Le soleil continuait sa descente de façon inexorable, et Nega pourrait en profiter. Il se remit sur pied, moins d’un mètre de la paroi. Les taos s’enchaînèrent, six en tout. Tandis qu’il lançait la technique d’une voix déterminée.

"Raiton no mai"

La main était à nouveau parcourue par l’énergie électrique. Et il l’appliqua à même le mur, mettant toute sa concentration dans l’impact. Cette fois-ci, il vit de façon perceptible la minuscule faille qui s’élargissait tout doucement, sous l’effet de l’assaut. Nega plissa les yeux et se colla au mur, pour se protéger à nouveau de l’onde de chaleur. Sa gorge était sèche comme jamais, il avait l’impression d’en être à sa dixième heure de sauna. Au bout d’un moment, il sentait la force de son attaque diminuer, et se reculant, il s’efforçait de relancer la technique au plus vite.

"Raiton no mai"

La brèche allait en s’élargissant à mesure qu’il faisait traverser la paroi aux puissantes ondes électromagnétiques. Elle avait désormais pris la forme d’une cicatrice étoilée, lui rappelant à nouveau la façon dont les rochers du terrain vague avaient été réduits en poussière. C’était bon signe, même s’il fallait encore insister pour arriver à ses fins, et détruire la cloison. Le soleil déclinait, laissant l’ombre gagner du terrain, et bien vite à une chaleur insupportable succéda une vague de froid. Le contraste thermodifférentiel était terrible, et le corps qui ne recherchait que le frais, se retrouvait grelottant, avec une chair de poule carabinée, et un besoin urgent de se réchauffer.

*Misère…*

En revanche, cela n’avait pas atténué le moins du monde la soif inextinguible dont il était victime depuis des heures. La fêlure dans la roche avait désormais un diamètre de plusieurs dizaines de centimètres, et Nega savait qu’au moment où le mur lâcherait définitivement, il y avait de fortes chances pour que des morceaux de roche d’une taille conséquente soient expédiée à pleine vitesse. En prendre un dans les abattis serait extrêmement douloureux, voire pire. Il s’écarta donc lorsqu’il sentit que la pierre était prête à céder. Il tremblait de tout son corps en réalisant les cinq taos nécessaires à l’accomplissement de sa technique.

"Raiton, kokyuu"

Le premier permit d’élargir encore un peu plus la faille, et le second fut le bon. Il fit voler la paroi en éclat. Et comme Nega l’avait pressenti, des éclats gros comme son torse furent projetés à toute vitesse dans des directions diverses et aléatoires. Il s’était placé derrière un rocher conséquent, se baissant juste après avoir lancé le souffle électrique. La première fois avait été une fausse alerte, mais il ne regrettait pas du tout son choix, d’autant plus qu’un caillou de taille raisonnable était venu frapper en plein centre du rocher derrière lequel il se terrait. Il releva la tête et constata avec plaisir que l’accès était désormais possible, même s’il lui faudrait déblayer sérieusement avant de pénétrer dans la grotte. Une bonne demi-heure de gymnastique au milieu des gravats, et Nega entrait dans l’antre de son aïeul. Cela lui sauta aux yeux, tant il n’attendait que ça, depuis si longtemps.

*Une source, pourvu que ce ne soit pas une illusion…*

"Kaïïïïïï"

Les réflexes du jeune Kogare avaient la vie dure. Il craignait également qu’elle ne soit pas potable, mais il ne survivrait pas s’il la laissait par méfiance. La caverne était plongée dans l’obscurité, mais les clapotis de l’eau ne laissaient pas le moindre doute. Il s’accroupit devant et commença à boire, jusqu’à plus soif. Après quoi, il se coucha juste à côté du mince filet d’eau qui coulait le long de la paroi rocheuse. Fermant les yeux quelques secondes, il se demanda comment il tiendrait le coup pour la suite. La grotte était encore plus glaciale que dehors. Il apprenait dans la douleur ce qu’était un climat désertique. Les idées lui venaient une par une, parfois sensée, parfois farfelue. L’une d’elles lui sembla faire du sens, et il remplit sa gourde tant bien que mal à la source. Et en jetant un coup d’œil à la pièce, il aperçut ce dont il avait le plus besoin en cet instant, ce pour quoi il aurait vendu son âme sans hésiter la moindre seconde, une couverture. Il se glissa dessous, et tomba bien vite dans un sommeil sans rêve, servant uniquement à le remettre sur pied.

Le réveil fut brutal. Un bruit sourd venait de retentir au plus profond de la grotte. Et Nega bondit sur ses pieds, pas vraiment rassuré. L’obscurité était encore plus tenace que lorsqu’il s’était endormi. Il ne voyait pas à un mètre. La source, quant à elle, continuait ses clapotis à intervalles réguliers. En y repensant, il se dit qu’il avait de la chance d’avoir été si fatigué, sinon il n’aurait pas pu dormir ici, le supplice dit de la goutte d’eau était reproduit là d’une manière naturelle, mais parfaite. Et son esprit en éveil serait incapable d’en faire abstraction. Repoussant la couverture et son sac à dos dans un coin, il essayait d’habituer ses yeux à l’obscurité. Quelques instants plus tard, son cerveau avait comme réglé le paramètre de contraste -ou de luminosité- et le genin de la roche avançait doucement dans le couloir qui prolongeait la salle de la source, qui ressemblait à s’y méprendre à un hall d’entrée. Bien vite, il put constater que ce n’était pas un couloir qui s’offrait à lui, mais une multitude, formant un dédale complexe. Rebroussant chemin, il récupéra un bout de papier dans son sac à dos, et se mit en tête de réaliser un plan. Son kunaï en main, il traçait des kanji sur les murs aux intersections, kanjis qu’il reproduisait avec application sur son plan. La seule solution selon lui, pour s’y retrouver et s’assurer qu’il ne tournait pas en rond. L’avantage de les creuser dans la roche par rapport à l’écrire à l’encre était dans le caractère plus pérenne de l’action, et cela facilitait également la lecture dans le noir, Nega s’y prenant un peu comme un aveugle en train de lire du braille. Il avait choisi une méthode d’exploration, sachant qu’il avait toujours plusieurs options, il suffisait de le faire d’une façon logique, et surtout toujours de la même manière, sans quoi, il en raterait la moitié. Il avait donc pris la résolution de systématiquement tourner à droite, à chaque fois qu’il le pouvait. Il notait également les intersections vers la gauche mais ne les explorait jamais. Une fois qu’il serait allé au bout du premier chemin, il reviendrait sur ses pas, et reprendrait le premier chemin avant de recommencer à tourner tout le temps à droite. Il fit ainsi quelques cercles où il retournait sur ses pas, mais grâce aux kanjis, il s’en rendait compte immédiatement et perdait peu de temps. Dans la grande majorité des cas, il progressait et trouvait une nouvelle intersection quelques mètres plus loin. Le labyrinthe était gigantesque, tout au moins la partie à laquelle il s’était attaqué en premier, mais il y avait fort à parier qu’elle donnait le ton pour le reste de la caverne.

Plus Nega avançait, et plus le couloir était étroit, des formations rocheuses en forme de stalagmites faisant leur apparition petit à petit. La pierre dont elles étaient constituées était poreuse, et le jeune Kogare s’étonna de sa présence par ici, il avait souvent étudié les plateaux rocheux des environs d’Iwa, et pensait être un connaisseur dans le domaine, mais en ce jour, il découvrait une architecture nouvelle qui avait un côté assez intrigant, ça ne ressemblait à rien de ce qu’il avait pu voir jusqu’alors. A nouveau, il se demanda d’où venait le bruit qui l’avait réveillé, si la pierre était différente par ici, qu’en serait-il de ce qui vivait dans de telles cavernes ? Et pourquoi son grand-père avait-il ressenti le besoin de sceller la grotte ? Alors même que sans le parchemin qu’il lui avait légué, il était tout bonnement impossible de la trouver. Sur ses réflexions un rien inquiétantes, le jeune Kogare pénétra dans une salle presque circulaire, qui devait faire une bonne quinzaine de mètres de diamètre. Au fond se trouvaient trois sorties disposées en carré par rapport à celle qu’il avait emprunté pour arriver jusqu’ici. Les coups de kunaï s’abattirent rapidement sur la paroi juste à côté et il dessina un kanji similaire sur la feuille de parchemin qu’il gardait sur lui. Un instant, il se demanda s’il avait pris un support suffisamment grand. De toute façon, il n’avait rien d’autre, il lui faudrait s’en contenter, quitte à continuer au verso.

Au milieu de la salle, il reconnut bien vite la patte de son aïeul. Un mécanisme énorme reposait sur un axe, et une manivelle était présente, probablement pour l’activer. De là à dire qu’il imaginait ce qu’il pourrait déclencher, il y avait une marge. Il fit un pas en direction du treuil, et une volée de shurikens s’abattit sur lui. Un bond en arrière en guise de réflexe de survie, il s’en était fallu de peu. C’est à ce moment précis qu’il se rendit compte que ce qui l’attendait ici-bas était d’un niveau supérieur aux épreuves préliminaires du sous-sol de la maison. On n’en était plus aux amuse-bouches, il était temps de passer au plat principal, et Nega avait intérêt à calculer chaque action avec habileté s’il souhaitait sortir vivant de cette caverne. Il revint d’où il venait, non sans une suspicion somme toute naturelle. En se baissant et en examinant le sol avec attention, il vit le piège qu’il avait déclenché, bien malgré lui. Cela laissait présager que ce ne serait pas le seul, il avancerait donc avec beaucoup plus de précautions, et en se tenant toujours sur ses appuis, prêt à esquiver ce qui pourrait se présenter.

Il trouva un autre piège sur sa route vers la grande roue centrale. Il l’évita avec facilité. Et se rendit à côté de la manivelle en faisant le tour de l’engrenage posé à l’horizontale à un mètre de hauteur à peu près, prenant bien garde à là où il mettait les pieds. En posant la main sur la poignée, il entendit un cliquetis qu’il ne connaissait que trop bien. Instantanément il sut qu’il avait enclenché un autre mécanisme involontairement. La grande hache sifflait en fendant l’air, fonçant sur celui qui tentait de manipuler la roue. Il l’évita en sautant par-dessus la roue, d’un bond impressionnant. Il avait déclenché son shunshin avec une vitesse impressionnante, confirmant là que la technique était devenue comme un réflexe chez lui, une sorte de seconde nature le sauvant quand il en avait besoin, un allié précieux en somme. La seule chose qu’il avait omis dans son équation était le fait qu’il retombait exactement à l’endroit où il avait vu un piège précédemment, la hache fut donc évitée avec brio, mais le nœud de la corde se referma instantanément sur la cheville de Nega, qui se retrouva suspendu en l’air, la tête en bas et prisonnier.

Le sang affluait encore plus naturellement vers son cerveau, et il réfléchissait. Bien sûr, la position était inconfortable, mais d’un autre côté, elle pouvait procurer certains avantages, pour un garçon désireux de s’entraîner. Il croisa les bras derrière sa tête, et maltraitant ses abdominaux, il fit remonter son torse, jusqu’à toucher ses genoux avec ses pectoraux. Puis gainant avec ses dorsaux pour ne pas redescendre de façon trop brutale, il se laissa retomber dans sa position initiale. Il aurait pu essayer de détacher le nœud, mais ce genre d’exercice était l’un de ceux dans lequel il était le moins à l’aise, il devait donc progresser. Il remonta, et redescendit, en prenant son temps. Ses muscles commencèrent rapidement à envoyer des signaux de détresse, mais après tout, c’était ce qu’il voulait, les faire dépasser ses limites. Il continua jusqu’au moment où il sut qu’il n’en ferait pas un de plus, il était en haut pour la dernière fois, et il n’avait pas la force de se battre avec le nœud, il savait qu’il lui faudrait du temps pour parvenir à le défaire, et il se sentait incapable de tenir. Aussi se saisit-il de son kunaï, dans l’étui sur sa jambe droite, et d’un coup sec, il trancha la corde. La réception fut difficile, en réalité, il convenait mieux de parler de chute. Il avait fini sur le dos, et il se redressa en faisant une grimace, tant ses abdos lui faisaient regretter son entêtement. Il trancha le nœud à son tour, n’ayant pas la patience d’essayer de le défaire. Et épuisé, il prit quelques instants pour se reposer avant de retourner vers la manivelle infernale. Quelque chose lui disait que ce ne serait pas de tout repos.

Nega passa deux jours entiers à explorer le dédale, sans relâche. Il trouva de nombreuses salles d’entraînement sur sa route, et encore plus de pièges mortels qu’il dut éviter pour garantir sa survie. Mais ses rations de survie se résumant à la portion congrue, il ne pouvait pas les exploiter pour l’instant. Il comptait bien revenir ici, maintenant qu’il savait à la fois comment venir, et à quoi s’attendre. Mais s’il traînait, il n’aurait plus rien à manger pendant le trajet du retour. Le parcours des couloirs étaient donc avant tout destiné à l’établissement du plan, au marquage ou au désamorçage des pièges, ainsi qu’à la recherche de ce qui l’amenait ici. En son for intérieur, le jeune Kogare savait que son grand-père ne l’avait pas envoyé ici uniquement pour s’aguerrir, mais pour une raison bien plus fondamentale. Le rationnement qu’il s’imposait s’ajoutait aux éraflures et aux hématomes qu’il recevait en esquivant les shurikens ou les notes explosives, et sa résistance était mise à l’épreuve, tout comme son côté consciencieux. Oublier de noter un tournant sur le plan ou sur la paroi pourrait l’induire en erreur pour toute la suite, et l’obliger à recommencer, si toutefois, il arrivait alors à retrouver le début...

Une fois de plus, le genin démontra que la rigueur était une qualité qu’il possédait. Sa carte était impeccable, et elle lui permit d’atteindre ce qu’il cherchait depuis son arrivée. La salle avait deux entrées symétriques, mais en voyant l’autel en son centre, identique à celui qui se trouvait au cinquième sous-sol de la maison, il sut qu’il n’aurait pas besoin de poursuivre son exploration plus avant. La réponse se situait ici, juste devant lui, et il fut pris d’un doute soudain.

Il ne prit pas la peine de se mettre à la recherche d’éventuels pièges, sachant qu’il n’y en aurait pas. Une grande inspiration. Un pas. Puis deux. Il marchait lentement, conscient que ce qui se jouait ici finirait de décider de son destin. Sur l’autel, il trouva une feuille et en reconnut l’écriture comme étant celle de son grand-père, la même que celle qu’il avait vue sur les parchemins et sur les plans. A côté, un objet de la taille d’une assiette était enveloppé d’un chiffon brun, et le jeune Kogare savait déjà qu’il devrait retirer le chiffon pour comprendre les mots que lui avait laissé son aïeul.

Le monde est empli d’illusions
Celui qui cherche la vérité
Devra apprendre à lire entre les lignes
Pour comprendre ce qui est dit
Mais pas explicitement écrit

Le garçon resta un instant interdit. Il comprenait le sens du texte, mais n’en voyait pas les implications. Le lieu était probablement mal choisi, même s’il était incapable de dire pourquoi. Il prit la feuille et l’objet, en prenant soin de ne surtout pas laisser le chiffon tomber. Le retour à Iwa fut bien plus tranquille que l’aller, son esprit travaillait à établir des liens, à mettre des images sur les mots, des réponses en face des questions, des hypothèses à côté des problèmes. Son corps accomplissait son office, de façon autonome, laissant Nega se concentrer uniquement sur ses réflexions. Une fois rentré, il descendit immédiatement au cinquième sous-sol, décidé à résoudre tout là où cela avait commencé. La vérité. Ce ne pouvait être que le parchemin où son grand-père lui révélait ce qu’il était advenu des parents de Nega. Il le déroula, décidé à le relire, pour comprendre ce qu’il y avait entre les lignes.

L’ancien avait aidé la mère de Nega à fuir et à se cacher, après qu’elle ait fait échapper son amoureux. Il les avait placés dans l’endroit le plus sûr qu’il connaisse, un lieu où personne ne pourrait jamais les trouver, un lieu où ils pourraient vivre en paix pour le restant de leurs jours. Il n’avait jamais révélé à aucun étranger l’existence de cette planque. Et pourtant, les anbus les avaient retrouvés. Son père, un Kumoïen du nom de Nishika Hoï avait tenté de tous les attirer à sa suite, pour protéger sa douce, mais sans succès. Il avait finalement pu s’échapper de justesse après une lutte âpre. En revenant sur les lieux, l’ancien avait retrouvé les traces du combat.

Cette dernière phrase fit tilt dans l’esprit de Nega. Les traces du combat étaient dans le chiffon brun. Il en prit un bout, et commença à le soulever, alors qu’une autre phrase résonnait dans son esprit, en boucle. Son grand-père n’avait révélé l’existence de la planque à aucun étranger. Encore et encore. Le masque d’anbu représentait un chat. Aucun étranger. Il manquait un bout en haut à gauche. Ce ne pouvait être que… La fêlure dans le masque correspondait parfaitement à la petite cicatrice que sa grand-mère avait au-dessus de son œil droit, cachée entre les rides. Nega déglutit, comprenant d’un coup pourquoi son grand-père lui avait laissé ces informations en les camouflant comme un entraînement, pourquoi il n’avait pas survécu bien longtemps après la capture de sa fille malgré son génie indéniable, pourquoi sa grand-mère avait toujours refusé de lui parler de quoi que ce soit au sujet de sa propre génèse…

Il avait envie de pleurer, de crier, de monter en courant pour lui demander pourquoi, de lui demander comment elle avait pu faire ça, il lui en voulait, et en même temps, il n’arrivait pas à oublier l’amour et le respect qu’il lui portait. Aucune larme, aucun son ne vinrent troubler cet instant. Sa place n’était plus ici. Il devait désormais accomplir ce qu’il projetait depuis si longtemps.

*Retrouver Hoï-otosan*

Ecourté en raison du déménagement à Kumo

Très bel entrainement.

+2 en nin
+1 en int
+1 en force

Raton no mai lvl up^^ (Bientôt pour le shunshin )

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