Mission rang A, "amour gloire et beauté à Ame". [Sendo et Miho]

Enfer et damnation ! Pourquoi diantre fallait-il que Sendo veuille se rapprocher de la source de la musique ? A sa place, n'importe quelle personne saine d'esprit s'en serait éloignée, et au pas de course, s'il vous plaît. La scène qui se déroulait sous les yeux ébahis, non, consternés de la petite Miho alors que le volume sonore atteignait son paroxysme, dépassant à présent le mur du supportable, était pour le moins étrange : la famille au grand complet était réunie autour d'une guitare, et tous les domestiques -que Miho soupçonnait d'être sourds- étaient présents, écoutant l'atroce chanson avec moult applaudissements. Keiko faisait une tête bizarre, comme si elle ne partageait pas l'enthousiasme général.

* Il faut que ça s'arrête, il le faut, il le faut... *
* Miho-chan, arrête ça, je vais mouriiiir ! *

- LA FERME !

Miho se sentit emplie d'un sentiment de reconnaissance quasi infinie à l'égard de Sendo, qui avait exprimmé tout haut ce qu'elle pensait tout bas. L'effet, du moins, fut immédiat. Les domestiques avaient tous l'air inquiets, Miho n'eût pas énormément de mal à faire le rapprochement avec ce que lui avait révélé son grand frère, quelques instants plus tôt.

- On a découvert quelque chose.

Et Miho se retrouva à l'avant de la scène, sans trop savoir pourquoi. Dis lui, Miho chan ?

* Comment ça "dis lui" ? *
* Pourquoi moi ? *
* Pourquoi pas lui ? *
* Et Keiko-chan ? Il va lui arriver des ennuis, si son papa apprend que c'est pas lui son papa... *
* Et sa maman, aussi, elle peut lui faire du mal, si elle apprend que c'est la fille d'un moche et d'une moche... *

Une foule de questions se bousculaient dans la petite tête de la petite kunoichi. Est-ce qu'elle allait leur dire ? Mais elle ne voulait pas qu'on fasse du mal à son amie... Et s'il fallait qu'elle la tue ? Non, surtout pas... Mais ils devaient bien l'aimer, cette petite fille, même si en vrai elle était moche, non ? Ils ne lui feraient rien, si ? Jusqu'où étaient-ils des ordures ? Est-ce que Sendo accepterait de protéger Keiko, même s'il devait renoncer à sa prime ? C'était peu probable. Que faire, alors ? Se servir du fait que leur vraie fille était aux mains de la famille Takeshi, et donc que s'ils tuaient Keiko, leur vraie fille risquait fort de subir le même sort. Oui, c'était peut-être la seule solution. Mais... Pfff... Ce fut le regard assassin que lui jeta un des domestiques qui la décida à ouvrir la bouche, et à arrêter de jeter des regards frénétiques partout en attendant que quelque chose se passe.

- Euuuh... Ne le prenez pas mal, hein mais...

* Tu parles... Biensûr que si, ils vont le prendre mal ! *

- Oh, tais toi, toi ! Bref, avec Kabe-nee-sama, ben on s'est apperçu que... que... que Keiko c'était pas votre vraie fille, et que en fait c'était la fille de la famille qu'on doit tuer, Kabe-nee-sama et moi, et que votre vraie fille à vous elle était dans la famille qu'on doit tuer, et que tout ça c'est de la faute de gens qui travaillent ici et qui ont fait ça pour se venger parce que vous êtes pas gentils. Voilà.

La petite Miho se tenait devant la famille au grand complet, en train de leur dévoiler toute la vérité sur les agissements des domestiques. La petite Keiko regardait son « amie » avec de grands yeux plein de larmes, les lèvres tremblotantes, la suppliant du regard d’arréter de tout débaler. Mais Ken fut le premier à l’interrompre. Son regard se posa tour à tour sur les shinobis, puis sur ses domestiques, et enfin sur Keiko. Sa guitare lui glissa des mains, provoquant un son sourd lorsqu’elle heurta le sol.

« Tu….tu n’es pas ma fille… »

Il fixa Sendo.

« Tuez la ! »

Les pas du Nukekage se dirigeaient vers la petite fille, il était bien décidé à en finir avec cette histoire et rentrer le plus vite possible à Shike. Il n’avait pas d’armes, seulement ses mains qui se posaient déjà sur le cou de la gosse. Mais…avant d’en finir, il planta ses yeux dans ceux de Miho. La petite kunoichi était-elle prête pour ça ? Les mouvements de Sendo stoppèrent, cherchant des réponses dans les yeux de sa partenaire.

La réaction de Ken était pire que tout ce que Miho aurait pu imaginer. Elle savait pertinament que c'était un enfoiré, mais à ce point, elle n'avait même pas réussi à le concevoir. Tuer celle qu'il avait toujours considéré comme sa fille ? Mais il était malade, ou quoi ? C'était lui qu'il allait falloir réduire en paté pour chat.... Mais pas le temps. La sentence tomba comme le couperet de la guillottine sur la nuque de Louis XVI.

" Tuez-la ! "

Et Miho vit avec effroi son Kabe-nee-sama marcher vers la pauvre petite Keiko qui n'avait pourtant rien demandé à personne. La gamine était incapable de parler. Sendo n'allait pas faire ça, quand même ? Ben si. Il posa ses mains sur le cou de la petite fille. Miho était bouche bée.

* Mais il est fou ? Il ne va pas tuer une petite fille sans défense ! *
* C'est mon amie... *
* Ca pourrait être toi ! *

Miho mit un peu de temps à se rendre compte que Sendo la regardait, elle. Il semblait attendre quelque chose, une réponse... La gamine avait failli lancer Rafiki pour sauver son amie, mais elle n'en aurait peut-être pas besoin. Miho secoua la tête de gauche à droite. Non. Non elle ne voulait pas qu'il al tue. Et la prime ? Boarf, ils pouvaient tuer cette famille et demander la prime à l'autre, en leur ramenant leur fille, en plus.

- Fais pas ça, Kabe-nee-sama. C'est lui le méchant, c'est lui qu'il faut tuer !

La petite princesse pointait du doigt le terrible Ken, tandis que Rafiki se mettait en mouvement. L'espérance de vie de l'autre enfoiré n'allait pas être très longue.

Les mains de Sendo ne quittaient pas le cou de la pauvre gamine innocente dont les larmes tombaient sur le sol de la salle à manger. Les paroles de Miho stoppèrent son mouvement. Une autre mission était envisageable, la petite fille visait juste, ses arguments firent mouche. Les évènements qui suivirent ne durèrent qu’une fraction de seconde. La tête de Ken-chan, celle de sa femme et de son fils furent tranchés net. Le Nukekage protégea Keïko d’un Fuuma shuriken destiné à désolidariser sa caboche du reste de son corps en ce plaçant devant elle, il avait attrapé l’engin au vol ainsi que celui qui se dirigeait vers lui.

*Merde….c’est un coup de shinobi…expert en armes qui plus est…ses lancers sont parfaits.*

Le dernier shuriken volait en direction de la gorge de Miho qui fut attrapé par le bras. D’un geste, Sendo avait fait grimper les deux petites filles sur ses épaules. Les domestiques s’emparèrent de fourches, de battes, de barres de fer.

« REVOLUTIOOOOOOOOOOOOON !!!!!!!!!!! »

La foule hurlait en cœur, galvanisée par la tête de Ken-Chan qui gisait au sol. Mais l’ex-anbu d’Iwa avait beau chercher, il ne trouvait pas les shinobis parmis la foule. Les Fuuma shuriken étaient sortis de nulle part. L’épaule de Sendo soufrait, les gosses pesaient leur poids…plus qu’une seule solution.

« Miho…regarde cette fenêtre. »

La lucarne trônait sur le mur Nord, s’ils sortaient par là, ils seraient libres.

« Aide moi à nous frayer un chemin jusqu'à elle. »

Sendo se mit à courir, et envoya les deux armes récupérées droit devant lui, tranchant un bras et deux jambes dans la foule qui vraisemblablement n’allait pas les laisser sortir si facilement. Les deux bras du Nukekage pendaient de chaque côté de son corps alors q’il courrait, c’était à Miho d’âgir.

Ca avait marché. Keiko était sauvée. Le seul ennui c'était que... les serviteurs n'avaient pas l'air contents, mais alors pas contents du tout. Ils coupèrent les têtes des membres de la grande famille, et manquèrent de couper celle de Sendo et de Miho, par la même occasion. Bon, pour Ken sa femme et leur fils, c'était pas une grosse perte, mais pour les ninja c'était plus embêtant. Mais non... Des surikens... ça ne pouvait pas être lancé par des simples bouseux. Il y avait un ninja derrière tout ça. Et il devait être sacrément fort pour que personne n'ait remarqué qu'il était là... Car Miho avait beau regarder partout, elle ne le voyait pas. Elle ne voyait qu'un rassemblement de malades mentaux qui brandissaient toute sorte de trucs en hurlant comme des déments.

« REVOLUTIOOOOOOOOOOOOON !!!!!!!!!!! »

* Bande de tarés... *

Apparemment, Rafiki avait une opinion à faire partager, mais il n'en eût pas l'occasion : un bras entraîna Miho sur l'épaule de Sendo, coupant court à toute réflexion. Keiko aussi était perchée, mais elle, contrairement à la mini désertrice, avait l'air terrorisée. Cette dernière donnait quelques coups de pied sur ceux qui essayaient de la retenir ou d'empêcher le Boss de sortir, mais son aide ne fut pas très précieuse, et elle préférait ne pas utiliser de techniques qui risqueraient d'abîmer Sendo ou de mettre en péril son attention. D'ailleurs, il était idiot de gaspiller du chakra sur des paysans alors que des Shinobis expérimentés étaient à leur poursuite.

« Miho…regarde cette fenêtre. Aide moi à nous frayer un chemin jusqu'à elle. »

La gamine leva les yeux, et apperçut une lucarne. Elle était haut, très haut. Un kinobori les aurait menés facilement tout en haut, mais ils risquaient d'avoir du mal à se protéger, et puis en plus Keiko n'était pas capable de le faire, et il faudrait s'en encombrer : hors de question de la laisser sur place, la pauvre petite. Frayer une place ? Ca allait être facile, à coups de Katon, elle ferait un joli espace vide entre la fenêtre et elle. Et ils n'auraient plus qu'à courir. La gamine gonfla ses poumons, enchaîna quelques signes, et dit :

- Katon ! Goukakyuu no jutsu !

Et elle avait l'intention de continuer, jusqu'à ce que les gens comprennent que s'ils se mettaient sur son chemin, ils allaient mourir. La gamine envoya également Sherkan et Rafiki pour trancher la gorge des plus lents, ou tout simplement pour les pousser. Les gens auraient deux personnes de plus à combattre d'un seul coup. Héhéhé...

Le Katon de Miho ouvrit une large brèche entre les révolutionnaires timbrés, et une petite poussette de Rafiki et Sherkan suffit à élargir encore le couloir qui les mèneraient à la liberté. La vitesse de Sendo n’était pas habituelle, il était bien lent qu’à d’accoutumée. La faute à sa sale blessure, et à l’appréhension de rouvrir le plaie en explosant le verre et les volets en bois du palais. Son bond fut précis, d’un coup de pied il arracha la lucarne, serrant la main de Miho et intimant l’ordre aux deux fillettes de cacher leurs visages. L’atterrissage fut une réussite totale, et enfin le Nukekage pu activer son shunshin. La vue des gamines se trouble, les larmes leurs montaient aux yeux avec cet excès de zèle de Sendo. Ils furent à l’abris quelques minutes plus tard, en plein milieu du centre ville. Dans une rue crasseuse remplie de mendiants unijambistes et édentés, ils trouvèrent un petit hôtel qui sentait le moisie.

« On va dormir ici cette nuit, interdiction de sortir sans ma surveillance. »

Une fois qu’ils eurent prit possession des lieus, Sendo pu enfin sortir du désinfectant et tendre la bouteille à Miho en arrachant son pansement. La douleur se lisait sur son visage, chose peu commune pour un homme de son rang.

« S’il te plait. »

La petite Keïko n’avait pas arrété de pleurer…si ça continuait, il allait vraiment l’étrangler. Alors que la mini-désertrice soignait son grand frère de fortune, la geignarde posa des yeux pleins de larmes sur elle.

« Ils ont tués mon papa…je l’aimais bien…même si il était méchant des fois…et toi Miho-chan, il est ou ton papa ? »

Ils avaient eu chaud, très chaud, mais ils avaient réussi. Tout le monde était sorti plus ou moins indemne du palace de la méchante et défunte famille, c'était merveilleux. De toute sa vie, Miho n'avait vu autant d'action que lors de la bataille à Konoha et la partie de cache-cache entre son Ottousan, Hageshii-san, Muttsuri-san et elle. L'ennui, c'était que Kabe-nee-sama était blessé. Son bobo sur l'épaule avait l'air de lui faire très mal. Cependant, le voyage jusqu'à un refuge crasseux se déroula sans anicroches, bien que Keiko pleure à chaudes larmes à chaque pas que faisait le leader des Nukenin.

- On va dormir ici cette nuit. Interdiction de sortir sans ma surveillance.

De toute façon, vu l'insalubrité de l'endroit, Miho n'avait aucunement l'intention de sortir. Elle pourrait se faire attaquer par une bande de mendiants ivres auxquels il manquait au moins une jambe et un bras. Mais quelque chose troublait la petite princesse : le chef n'était pas bien. Arf... Elle n'aurait peut-être pas dû le faire courir comme ça. D'un autre côté, ce n'était pas sa faute... Enfin bref, le mieux à faire, pour le moment, était d'éviter d'avoir l'air dégoûté, et de verser le quart du flacon de désinfectant sur la plaie. Et pendant ce temps, Keiko pleurait, pleurait, pleurait. Elle avait l'air aussi triste que Kabe-nee-sama avait l'air énervé.

* Si tu calmais Keiko ça calmerait peut-être le Boss, non ? *
* Bien vu, l'aveugle ! *
* C'est pas le moment de faire de l'esprit... *

« Ils ont tués mon papa…je l’aimais bien…même si il était méchant des fois…et toi Miho-chan, il est ou ton papa ? »

Miho pinça les lèvres et serra ses petits poings pendant un instant. Et ben quoi, il n'y avait vraiment pas de quoi être triste, pour un abruti pareil ! Encore Ryoko, c'était normal de le pleurer, mais Ken...Pffff... Et son papa, c'était pas Ryoko, son vrai papa. Comme Keiko, son papa n'était pas son vrai papa. Comment lui expliquer ça ?

- C'est pas ton papa, ton vrai papa on va aller le voir, et je suis sûre qu'il est très gentil. C'est pas Ken-sama, ton papa. Et moi mon vrai papa... je sais pas trop, j'ai oublié, mais c'est pas important, parce que j'avais trouvé un super papa, c'était le chef du village des déserteurs. Il était trop fort, et en plus c'était le plus beau. Mais il y a un monsieur très grand très moche et très méchant qui a réussi à le tuer, alors depuis je suis toute seule, mais heureusement Kabe-nee-sama s'occupe de moi. Alors tu vois, même si les gens que tu aimes ils meurent, et ben il y a toujours des gens qui sont gentils avec toi. Alors pleure par, parce que en plus ça énerve Kabe-nee-sama, et c'est pas bien de l'énerver.

Voilà. C'était fait, restait à voir si ça calmerait la gamine. Pas sûr, mais peut-être, au moins un peu.

Un râle de douleur s’échappa de la gorge du Nukekage lorsque le liquide froid s’inséra en lui, provoquant une douleur innommable. Mais au moins, la petite Keïko séchait ses larmes et semblait moins chagrinée. Le chagrin était une arme contre laquelle Sendo ne pouvait lutter, vu que cette notion lui était inconnue. Les deux gosses s’installèrent sur le lit après s’être lavés dans la salle de bains communes que le Nukenin gardait farouchement. Pour la première fois depuis longtemps, la petite princesse n’eût pas a se grimer après être sortie de la douche. Ses longs cheveux bruns étaient détachés et partaient dans tous les sens, ses dents de lapin étaient apparentes, elle n’avait plus à mettre de dentiers qui lui faisait mal. Sa peau grêleuse n’était pas recouverte de tonnes de fond de teint, il faut dire ce qui était : elle était vraiment moche, mais libre. Sendo veillait sur la porte d’entrée, assis en tailleur.

« Allez, tout l’monde dors, demain sera une journée épuisante. »

Sa main éteignit la lumière, et il resta à veiller là. Miho avait déjà beaucoup travaillé pour une si courte durée et il ne la réveilla pas pour prendre son tour de garde. Lorsqu’elles ouvrèrent enfin les yeux, les lampadaires des rues éclairaient déjà toute la ville. Etant souterrain, le village d’Ame vivait à l’heure de ses nombreux lampadaires, chose déplaisante pour les amoureux du grand air. Justement…l’air…les poumons de Sendo s’engorgèrent d’une bouffée d’air…qui semblait se rarifier. Dans les rues, des badauds hurlaient à la mort, les animaux affolés déguerpissaient.

« On zappe le petit dej’, on a pas le temps ! »

Les deux fillettes replongèrent sur son dos, direction : le palais des Takeshis. Sur la route, la rumeur avait déjà prit de l’ampleur : les servants des Kondho, aidés par des shinobis de Yuki no kuni avaient bloqués les entrées d’air de la ville. Tenter une technique Doton n’était pas envisageable s’ils ne voulaient pas que la voûte leur tombe sur le coin de la poire. Il fallait connaître les infrastructures au plus vite, et ils feraient d’une pierre deux coups en visitant les Takeshis. Les passants suffoquaient comme des bœufs, certains s’arrètaient déjà sur les trottoirs en commençant une lente agonie. Les plus touchés étaient les personnes fragiles, et du haut du dos de Sendo, c’est tout un parterre d’enfants en bas âges et de pauvres vielles dames qui s’affaissaient. Le palais des Takeshis était énorme, mais la forteresse n’était pas bien gardée. Deux coups du lapin plus tard, le Nukekage frappa à la porte. L’homme qui ouvrit la porte était bedonnant, et ses dents de lapin ainsi que sa peau pourrie confirmait sans aucun doute qu’il était le père de la petite Keïko.

« Bonjour étrangers, que voulez vous ?……Hoooo, quelle jolie petite fille. »

Une nouvelle fois, Sendo déposa Miho à terre et la poussa devant lui. La situation devenait critique, l’oxygène n’emplissait plus les poumons des habitants que de moitié.

« Explique lui. »

» Mission de rang D : Miho.
» Mission de rang D pour Miho
» Mission pour Miho [Rang B]