Shiki et Shiki...

" Deux énergies... " se murmura-t-elle. De quoi parlait-il, était-ce toutes ces injections que l'on lui avait administrée ? L'essence de la vie, ce qui nous maintient en vie ? Trop de questions lui parcouraient la tête, comment trouver ces deux énergies dont Ryoko parlait. Ses vider l'esprit comme il le lui avait suggéré.
Shiki s'esseya alors en tailleur comme le ninja venait de le faire. Peut-être cela allait-il l'aider. Puis elle essaya de se représenter ce qui l'habitait. Ce qui lui permettait de faire des mouvements, de réfléchir comme elle le faisait actuellement. Son corps, et ce flux qui le parcourait continuellement. Elle ferme alors les yeux et tente de se concentrer encore plus. Mais se vider l'esprit demeurait impossible. Shiki était toujours là à roder au détour d'une pensée.

* Tu sais que je pourrais t'aider, la petite incapable. Je pourrais t'aider à ne plus te ridiculiser comme tu le fais. Mais c'est tellement amusant de te voir patoger que je ne vais rien faire. Ratée ! *

Shiki ne cessait de venir l'ennuyer, quoiqu'elle fasse elle était là, au plus profond d'elle, tapis dans l'ombre.

* Ratée, ratée, ratée, ratée, ratée, ratée, ratée, ratée, ratée, ratée, ratée, hahaha ! Ratée, ratée, ratée, ratée, ratée, ratée, ratée... "

Plus Shiki se vidait l'esprit, essayait l'oublier et plus la jeune femme venait la pertuber. " Arrête ! Tais toi ! "

Le rire sadique de Shiki se mit à résonner dans sa tête, elle avait gagné. Elle l'avait maintenant fait lâcher prise, Ryoko la prendrait alors pour une folle, la folle qu'elle s'avérait être en réalité. Puis Shiki se tût, alors que la jeune femme tombait en sanglot, la tête dans les mains. Elle pleurait et ne pouvait s'arrêter. Elle avait encore réussi, Shiki devenait folle...

En voyant les joues de la jeune femme s'empourprer et ses yeux larmoyants, Ryo eût un pincement au coeur. Mais il n'avait jamais eût la prétention d'être un guide philosophiqe ou un exemple à suivre, il s'asseya donc dans l'herbe le regard toujours planté dans celui de Shiki.

"Je ne voulais pas te faire de mal...mais parfois c'est nécessaire..."

Le regard du déserteur se reperdit dans le vague, fixant un point loingtain par dela l'horizon. Le pas qu'elle fit en arrière ne le déconcentra guère, au contraire il allait parler d'une voix forte mais calme.

"Tu as un problème à régler, et je peux rien contre ça. Je peux t'aider à vaincre cette personne, ou tout du moins à l'enfouir. Mais ce sera long et douloureux..."

Ses yeux divagaient un peu partout autour de la jeune femme.

"Et maintenant écoute moi bien. Tout le monde dans ce village à eût des difficultés, certaines même bien pire que la tienne. Mais jamais personne ne s'est rendu aussi facilement, car dans ce village on se bat. Nous avons voulu notre indépendance, et nous nous battons toujours pour la défendre. Je ne peux pas faire cela à ta place, tu dois faire tes propres choix. Je t'offre une certaine liberté d'action et de mouvement, je t'offre une chance d'avoir une vie normale et d'entrer dans notre famille."

Maintenant, il la fixait, ses paroles étaient toujours déblatérées calmement mais au ton qu'il employait on pouvait deviner que cet homme n'était pas du genre à faire des concessions.

"Mais si tu comptes pleurer et abandonner sans lutter, alors je ne peux plus rien pour toi. Tu te fera dominer par l'autre et tu vivoteras...mais pour combien de temps ? Le monde est truffé d'individus plus forts que toi et aux intentions bien malsaines. Donc, soit tu acceptes le combat et tu fais tout pour y arriver, soit tu t'en va. Je me répète mais je peux t'aider, et je suis sur que tu arriveras à devenir plus forte qu'elle. Mais si tu ne crois pas en toi, personne ne le fera."

Vivre ensemble ? La perspective d'avoir la "bonne" et la "mauvaise" Shiki à disposition offrait de nouvelles possibilités à Ryoko qui prit quelques minutes pour réfléchir. Il reprit enfin la parole, un sourire béat aux lèvres.

"Bien, si tel est ton désir, nous y arriverons."

Il se releva d'un bond, et fit face à la jeune femme, planté à seulement quelques centimètres d'elle.

"Mais pour cohabiter, il faudra que tu prennes confiance en toi."

Ryo refit le signe de la chèvre.

"Et tu dois rattraper les bases, pour vous mettre à niveau égal."

Il baissa son regard vers ses mains, et d'un mouvement du menton intima à Shiki de retenter l'exercice de tout à l'heure.

Koto s'était fait discret, seul Ryoko pourrait le repérer. Et encore, si ce dernier faisait attention aux ombres. Le déserteur avait utilisé le Koku Hangyo, pour ce cacher. Il n'avait pas l'intention d'espionner ou de nuire à l'entrainement. Mais il voulait prendre conscience du niveau de la nouvelle.

*Encore une personne brisée, et qui risque d'être difficile à gérer.*

Le village de Ryoko semblait attirer de plus en plus de cas. De personnes assez singulières, qui ne pouvaient trouver leur place dans les autres villages. Au début, les premiers déserteurs avaient quitté leur village pour des raisons de vengeance ou de haine. Mais les derniers venus semblaient eux, être mût par le fait d'avoir été rejeté. Sauf Méthatron qui lui était l'exception à la règle. Ceci faisait que dans le village, on trouvait deux populations. Celle de ceux qui ont rejeté les leurs et ceux dont personne ne veux. Bien sur, la situation était un peu plus complexe, mais dans les grandes lignes elles ressemblait à cela. Le jeune homme se demandait si il arriverait un jour à faire confiance à des gens comme Isonade. Ce dernier était un prédateur, et la personnalité dominante de Shiki, semblait être du même acabit. Tous deux, donnaient l'impression d'attendre un moment de faiblesse pour planter leurs crocs.

*Il faut que je devienne plus fort, pour protéger le village si Ryoko nous quittait encore.*

Le jeune homme considéra en avoir assez vu, pour l'instant et puis il devait penser à son propre entrainement. Il se pouvait que Ryoko les quitte de nouveaux et alors il devra être en mesure d'écraser tout ceux qui représenteraient une menace.

Sans un sourire ou tout autre expression de satisfaction, Shiki se retourna vers l'arbre comme il lui fut intimé. Sans trop savoir pourquoi, elle sentait comme un intime sentiment de joie et de victoire planer dans son esprit, la toute première fois qu'elle avait réussi à obtenir quelque chose de quelqu'un. Quelque chose dont elle avait profondément envie, cette fois-ci elle n'allait pas agir sur le simple désir d'une autre personne comme elle l'avait toujours fait. Elle agirait par elle-même pour elle, juste elle.
La jeune femme s'approcha lentement du tronc sur lequel elle allait devoir grimper à la seule force de son chakra dans quelques instants. Une puissante tension prenait son estomac en tenaille, même si elle avait déjà essayé auparavant, cet essai là marquait le véritable début de son apprentissage.
Tel un animal en cage à qui l'on aurait tout juste rendu sa liberté, Shiki toucha l'écorce de l'arbre du plat de la main. Elle en ressentait les moindres nuances dans le bois grattant l'épiderme de sa paume. Ses gestes paraissaient totalement insensés, à juste titre d'ailleurs puisqu'elle même ne comprenait pas pourquoi elle agissait de la sorte, ses membres étaient comme possédés.

Shiki ?

Rien, même la perfide aura de sa moitié ne filtrait pas à travers elle. Pourquoi ?
La tête penchée sur le côté, sa main quitta enfin le corps de l'arbre devant elle. Elle se recula d'un pas, ses yeux se fermaient dans le même mouvement.
Pour son plus grand bonheur Shiki n'était pas là, et pourtant, une envie irrésistible de la voir apparaître trottait au plus profond de son être. Elle pourrait l'aider, lui permettre de réaliser ce que Ryoko souhaitait la voir réussir. Mais, comme si son double se trouvait maintenant sur la même longueur d'onde que le nuke-nin, elle la laissait seule face à elle-même et ce tronc d'arbre.

Désemparée, une pointe de stress perturbait son apparente concentration. Le chakra, elle devait utiliser son chakra, cette énergie qui l'habite, qui lui permet de vivre et d'agir.
Une grimace sur la visage, non. Décidément, elle ne devait pas être douée, qu'est-ce qu'il appelle le chakra ? Quelle énergie ? La jeune femme ne ressentait rien, absolument rien.
D'un air attristé, presque de chien battu et abattu, elle tournait simplement la tête en direction du ninja, elle appelait à l'aide. Si cet homme avait déjà enseigné une quelconque matière scolaire à quelqu'un, il aurait pu sentir en cette fille l'expression de l'écolier confronté à un problème mathématique nécessitant la connaissance d'un théorème dont il n'avait jamais entendu ne serait-ce que le nom.
Shiki devenait rouge, elle pouvait même sentir le sang affluer dans ses joues, les rendre bouillantes. Le gonflement régulier de sa poitrine gagnait en intensité et en rapidité. Seule et désolée, honteuse comme jamais, perdue, il existait tant d'adjectifs de cette famille pour décrire ce qu'elle ressentait à cet instant précis.

Elle n'avait pas encore réessayé que déjà, la perspective d'une hypothétique réussite s'éloignait de son esprit. Doucement, la voix cassée et tremblante Shiki se murmura quelques mots, peut-être que la personne dans son dos les entendrait. Cette hypothèse ne lui plaisait guère et pourtant elle s'en sentirait tellement soulagée. Etrange.

« Mais j'y arriverai jamais, jamais. »

L'agacement faisait peu à peu partit de la partie. Elle n'arrivait à rien, et la jeune femme se frustrée. Pourquoi Shiki y arrive et pas moi ? Comment tu fais ?

Le temps s'était comme arrêté, du moins à l'impression de Shiki. Pour Ryoko, ce qui allait se passer n'aurait duré que quelques secondes.
L'aura corrompue de Shiki prenait peu à peu forme autour du corps de cette fille. Son chakra se diffusait tout autour de son corps, quelques crépitements énergétique claquaient dans un silence absolu. Une personne avisée de la manipulation du chakra aurait pu y voir une certaine forme artistique dans les mouvements de ce flux. Il apparaissait comme extérieur à l'enveloppe corporelle de cette jeune femme, comme si ce corps était l'énergie de ce chakra et non l'inverse, comme si cette puissance utilisée par les shinobi utilisait ici son shinobi. Le monde à l'envers.
Les yeux de Shiki étaient à la fois effrayés et émerveillés.

Regarde ce qu'est le chakra ma chérie. Regarde le bien, touche le.

La jeune tendit une main dans en face d'elle, ses doigts approchèrent lentement d'une sorte de ligne d'énergie pointée sur elle. Lorsque la chair n'était plus qu'à quelques centimètres du fusain bleuté, ce dernier fut prit d'un mouvement net.

Aie.

Alors qu'une goutte partait mourir dans l'herbe verte de la clairière, une autre se formait déjà à l'extrémité de son doigt.

Hihihi, arrête de te faire autant de mal mon coeur. Non je plaisante, c'était moi.

Elle se tût, mais cette espèce d' aura fluctuait toujours autour d'elle. Comme dans un rêve, le paysage paraissait si beau à travers la lueur diffuse que l'énergie déployait. Finalement Shiki se serait résignée à l'aider.
Les bras de la jeune femme parcourait le berceau dans lequel elle se trouvait, parcourant les moindres ondulations qui partaient de son corps pour mourir dans les airs tout autour d'elle. Une sensation des plus étrange excitait la moindre des cellules qui la composaient, une sensation de vide, de fatigue latente qui ne se résorberait jamais. Une part d'elle-même s'en allait avec les pétales bleutées qui s'échappaient de son être.
Voilà ce qu'était le chakra. Une sorte d'entité d'essence de vie qu'elle avait toujours ressentie sans jamais réellement en réaliser et en concevoir l'existence.
Le halo se résorba rapidement sur lui-même, en quelques instants l'air qui entourait les deux ninjas était redevenu sain et normal. Toute animosité s'était évaporée, et la jeune femme était de nouveau seule face à son arbre.

Merci...

Shiki était si gentille, toujours avenante avec elle. Mais pourquoi avait-elle fait cela. Elle qui s'évertuait constamment à la rabaisser et l'humilier, Shiki l'avait aidée.
Plus déterminée que jamais et la confiance retrouvée, la jeune femme se concentra sur cette énergie qu'elle venait de ressentir. Lentement, très lentement elle retrouvait cette sensation qui avait été sienne durant ce bref moment. Un bien-être incomparable prenait petit à petit la place de la honte et du désespoir, l'énergie fluctuait vers ses pieds autour desquels se dessinait une petite lueur de chakra. Assurée de son Taô de la chèvre, elle s'avança alors vers l'arbre, et y posa le premier pied...

Le cœur battant à toute allure suite aux émotions qu’elle venait de vivre, Shiki s’avança maladroitement en direction du torrent. Le courant était vif et rapide, et à l’instar de ce que disait Ryoko, si elle tombait à l’eau nul doute qu’il la retrouverait trempée jusqu’aux os à plusieurs dizaines de mètres de là. Le cour d’eau avait d’ailleurs de quoi faire peur, en y prêtant attention, la jeune femme arrivait sans mal à distinguer quelques poissons tous plus gros et effrayant les uns que les autres, et la fraicheur ambiante que formait le torrent n’y était pas non plus étranger.
Lentement Shiki se remémorait se qui venait de se passer, son ascension, la chute, et les compliments de Ryoko. Les mots de ce dernier auraient presque tiré quelques rougeurs sur les joues de Shiki si celles-ci n’avaient pas déjà obtenues le pourpre de l’excitation de la grimpette le long de ce tronc. La vie de ninja n’était finalement pas si mal pensa-t-elle, il y a tant de choses amusantes à faire.
Pour une jeune femme plutôt réservée, Shiki se découvrait des envies d’action et de jeu mettant en pratique ce qu’elle venait d’apprendre. Loin étaient maintenant ses craintes et ses angoisses, la sérénité du nuke-nin portait petit à petit ses fruits. Ainsi, sans la mise en garde de son compagnon Shiki se serait tranquillement jetée à l’eau en espérant naïvement réussir ce que le ninja venait d’accomplir avec facilité.
La prudence revenue, la fille au regard ciel s’accroupie calmement au bord de l’eau. Elle faisait preuve d’une grâce exemplaire avec la tenue qu’elle s’était gracieusement vue offrir, le vêtement ne gênant en aucun cas le moindre des mouvements qu’elle voulait effectuer. Son visage hagard et innocent rendait la scène plutôt comique lorsqu’elle porta le doigt blessé à ses lèvres. Sa langue passa alors furtivement sur ses lèvres rougies par une goutte de sang qui y était restée accrochée, puis une petite grimace trahissant un certain dérangement pour le goût de son sang avait ponctué le tout.
Ses traits reprirent alors un air émerveillé lorsqu’elle se pencha plus en avant sur le bord du torrent, ses yeux sondaient le fond avec précision dans l’espoir de n’y voir rien de dangereux, et mis à part les poissons rien ne pouvait l’inquiéter. Un doigt puis deux avaient ensuite rejoints la surface de l’eau, un frisson glacé lui parcourut tout le bras, et un petit gémissement s’était d’ailleurs envolé de sa bouche. Son regard se tourna alors vers Ryoko qui y voyait des yeux ronds de surprise comme pour lui dire ouvertement « Ah oui, c’est froid ».
Décidément, le ninja devait lui en vouloir pour quelque chose se dit-elle, parce que pour le coup, elle n’aurait pas le droit à l’erreur, elle ne souhaitait absolument pas être trempée, et Shiki non plus.
Ryoko put alors remarquer que la jeune femme eût un reflexe de surprise avant que son regard ne parte divaguer dans le vide.

Fais pas ta maline petit cœur, il est hors de question que je sois mouillée. Je n’aime pas ça. Alors je veux bien que tu fais mumuse avec ton chéri, mais de là à ce que j’accepte que tu m’ennuis… tu peux courir, loin… très loin.

Puis elle reprit tranquillement ses esprits, mais quelque chose avait changé. L’assurance qu’elle avait gagné avec l’épisode précédent s’était tout d’un coup évaporé. Et à son expression, c’était comme si la distance à parcourir venait de prendre 20 bons mètres de longueur. Comme si cela ne suffisait pas, les mots de Ryoko revenaient à toute allure dans sa tête, le dosage du Chakra est plus important.
Rapidement, comme paniquée par la tâche, Shiki se mit à regarder dans tous les sens, tournant plusieurs fois sur elle pour chercher une échappatoire à cela. Mais rien, rien de plus que ce qu’il y avait auparavant. Encore une fois, elle allait devoir faire face pour ne pas décevoir « son chéri ». Mais de quoi parlait-elle ne disant cela ?!
Le visage dépité et résigné, elle jeta un coup d’œil en direction du ninja sur l’autre rive avant de le tourner de nouveau en direction de l’eau. Allez Shiki, courage !

« T’es sûr que c’est faisable ? Enfin, je veux dire… oui c’est faisable, mais pour moi ?! »

Le nuke-nin ne lui répondit que d’un simple hochement de la tête. Impossible donc de faire demi-tour, courage !
Elle s’approcha encore plus de l’eau jusqu’à ce que ses chaussures ne soient plus qu’à quelques centimètres de l’obstacle, prit une profonde inspiration qui gonfla sa poitrine jusqu’à son paroxysme, et expira lentement pour décompresser.
Contrôler son chakra, pourquoi lui avoir dit cela. Ryoko avait sûrement sous-entendu qu’elle l’avait déjà fait pour monter sur cet arbre, mais il n’en était rien. Tout ce que Shiki avait fait était d’essayer de concentrer son Chakra vers ses pieds et de poser tour à tour les pieds sur le tronc. Shiki se murmura alors quelques mots avant de fermer les yeux.

« C’est pas gagné… »

Comme elle venait de le faire quelques minutes auparavant, Shiki s’efforça de ressentir à nouveau ce flux qui parcourait sans cesse son corps, en essayant au mieux de le diriger à sa guise afin de le concentrer de nouveau vers ses pieds. L’aura bleue refaisait peu à peu son apparition tout autour des deux membres. La question de l’équilibre ne se posait même, tant elle y était habituée avec les exercices de son ancienne « prison ». Mais là, il lui fallait surtout réfléchir à cette fameuse histoire de concentration précise du Chakra. Les sensations que la jeune femme avait ressentie lorsqu’elle avait grimpée à l’arbre regagnaient ses membres, à ce moment le Chakra était comme entré dans l’écorce du tronc tel des pointes sous les de ses chaussures, mais le tronc était plein. Ici l’eau n’est pas dure et pleine. Alors que faire ? Essayer de la rendre ponctuellement solide pour pouvoir marcher dessus ? Non trop compliqué. Essayer de créer un sol de Chakra ? Pas mal, et en étendant l’idée, elle pourrait même apprendre à voler ! Mais ceci serait trop compliqué pour le moment.
Finalement l’idée retenue était d’avancer en contrôlant « le flux » pour se maintenir par-dessus l’eau.
La jeune femme s’avança alors, exécuta le Taô de la chèvre et posa un pied sur l’eau, puis deux.

« Aaaah »

A peine sa chute amorcée qu’elle se trouva tranquillement « flotter » sur le torrent. Shiki avait reprit les choses en main, comme elle l’avait prévenue, son autre moi ne voulait pas être mouillée. Le regard beta, Shiki regardait Ryoko légèrement déçu que Shiki participe à cet exercice. A moitié consciente elle se rendit compte que son corps venait d’effectuer un pas en arrière pour regagner le bord de l’eau.

Pauvre petite chatte apeurée, tu devrais réussir pourtant. Les chats n’aiment pas l’eau, rien que ça aurait dû te motiver ! Tu n’as vraiment aucune conviction ou quoi ?! Et dire que je suis bloquée avec toi… La voix intérieur se fit ensuite plus douce, mais tout cela Ryoko n’en savait rien. Je suis désolée mon ange, je ne voulais pas méchante. Tu sais que je tiens à toi, et que des fois je dis des choses que je ne pense pas. Tu me pardonnes hein. Regarde je vais même t’aider pour faire ça.

Si Shiki n’avait rien compris du manège de Ryoko, la « méchante », elle avait tout vu. Ce dernier ne cessait de lui faire faire des choses difficiles, sans la moindre explication afin qu’elle soit contrainte de lui apprendre, de partager avec elle-même. Mais elle ne pouvait dire non, le ninja était bien plus puissant qu’elle. La seule chose qu’elle pouvait alors faire était d’accepté son sort.

Regarde bien.

De l’autre côté du torrent, Ryoko assistait au manège de Shiki et Shiki. L’air circonspect, il ne pouvait qu’assister à la scène. Après tout, il fallait que les deux apprennent à cohabiter. Mais une chose était sûre, il ne devait sûrement pas s’attendre à voir une deuxième Shiki faire son apparition après qu’un petit nuage ait disparu.

Tout en prenant la main de l’original, le double prit alors la parole.

« Allez, viens avec moi. Prends ton temps. »

L’original ne semblait d’ailleurs pas trop faire la maline, totalement estomaquée par ce dont elle assistait, Shiki suivit le clone d’un pas chancelant.

« Mais… »
« Quoi, je t’avais jamais montré ça ? Au temps pour moi alors. », Répondit le clone avant de rigoler bêtement.

Ce dernier s’avança tout naturellement sur l’eau, tirant légèrement Shiki de la main qui était toujours réticente à la suivre. Mais elle ne pouvait pas passer à côté de la perche tendue par Shiki, ainsi avec une légère crainte elle suivit l’autre Shiki. Le double émit un nouveau gémissement moqueur avant de la prendre comme une enfant pour qu’elle ne tombe pas, une main posée sur la hanche et l’autre sous l’aisselle de son original, lentement elle allait pouvoir expérimenter jusqu’à trouver la bonne méthode pour marcher sur ce torrent.
D’un naturel pâle, la peau de Shiki était tout de même devenue plus blanc que blanc l’espace d’un instant, mais face à la bonté de Shiki quelques couleurs étaient tranquillement revenues. Elle s’essaya donc à concentrer son Chakra vers ses pieds, puis à l’expulser de différentes façons. Tantôt elle coulait légèrement car retenue par le clone, tantôt elle partait légèrement en l’air, mais au final elle devrait tout de même finir par réaliser ce que le nuke-nin attendait d’elle…

Shiki dût rapidement refreiner la joie de sa réussite lorsqu’elle s’assit sur les ordres de Ryoko. Mais quelle joie d’avoir accompli cela, surtout avec l’aide de Shiki. Le comportement de cette dernière envers elle, était de plus en plus étrange mais tant que tout se passait bien, la jeune femme essayait de ne pas trop y penser, juste au cas où Shiki espionnerait son esprit.
La fin de l’entrainement était le bienvenu, même si l’ampleur de la tâche était loin d’être insupportable, la femme au regard bleu étant habituée à bien pire dans le laboratoire, le fait d’apprendre à utiliser le chakra avait quelque chose de très perturbant et fatiguant, dont l’origine lui restait encore inconnue.
Curieuse de nature, et maintenant pleine d’assurance, Shiki s’essaya ensuite à chiper la cigarette de Ryoko, et ce fut avec un sourire timide que, comme le maitre, elle porta l’objet de mort à ses lèvres. Une bouffée et…

« Haaa mais c’est pas bon ! Comment pouvez-vous faire ça ? »

Puis une mine de dégout sur le visage, la jeune femme se plongea dans ses pensées.

« Je ne peux pas rester dans le hutte avec les hamacs alors ? C’est amusant les hamacs, j’aime bien. »
Elle baisse alors les yeux avant de s’allonger à côté du nuke-nin.
« Je crois qu’elle a toujours été là. Des fois nous parlons, et elle a des souvenirs que je n’ai pas, comme si elle avait même été là avant moi… Je ne sais plus trop. Désolée… Du plus loin que je me souvienne, elle a commencé à vraiment s’exprimer devant les autres le jour où… »
Elle marque une pose, ferme les yeux. Sa poitrine se gonfle et elle expire lentement en espérant se calmer.
« Le jour où… »
Rien, pas un son de plus ne sortait de ses lèvres, quelque chose semblait la bloquer à chaque fois qu’elle tentait d’aborder le sujet.

L’indépendance, un bien joli mot qui se marierait parfaitement dans une prose avec liberté. Deux valeurs que la jeune femme n’avait malheureusement pas encore eu le plaisir de savourer, ou bien même connaitre tout simplement. Ryoko avait l’air de se méprendre sur la vie de Shiki, et elle le lui rendait bien. Sa tête avait du mal à accepter le fait que les gens ignorent son passé même si elle faisait son possible pour tout cacher, du moins Shiki s’en assurait. Ah si cet homme savait à quel point elle avait toujours rêvé d’indépendance, mais la vie qu’on lui imposait dans ce laboratoire était loin de préconiser une telle faveur. Ces caméras constamment pointée sur le moindre de ses gestes, ces longues journées passée à s’entrainer, être examinée sous toutes les coutures, même dans sa cellule, lieu où elle était physiquement seule, le bruit incessant des autres sujets et des bruits ambiants lui rappelaient que jamais elle ne connaitrait ici la tranquillité. Elle qui n’attendait que de l’attention de la part des autres était servie, mais pas comme elle l’entendait.

« Vous savez, je ne crois pas que j’arriverais vraiment à me débrouiller toute seule. Peut-être en apprenant oui, mais je sais que maintenant je ne suis pas d’une grande utilité, même faire à manger je ne sais pas… »

L’homme qui l’avait récupérée dans le désert fut de bien nombreuses fois excédé par son inexpérience de la vie. Tout ce que la jeune femme avait été capable de faire était se protéger et craindre.
Puis subtilement l’air ambiant autour des deux déserteurs devint plus lourd, il était particulièrement simple pour Ryo de sentir l’aura malfaisante de Shiki prendre le dessus sur sa consœur, d’ailleurs son comportement aussi avait changé. La timide et naïve jeune femme était soudainement devenue plus familière et assurée dans sa démarche envers cet homme. Elle tourna alors sur elle-même pour poser une main sur la poitrine de Ryoko et y laisser reposer le menton. Le regard plongé dans celui de son interlocuteur elle prit la parole sur un ton arrogant, non pas vers le ninja mais à l’encontre de Shiki.

« Et sache pour ta gouverne, que je n’aime pas que l’on parle de moi sans mon consentement. La pauvre gamine à tant de mal à parler de la mort, car oui ce fut le jour où j’ai tué cet homme que j’ai commencé à la taquiner. N’est-ce pas joli cœur, je suis taquine, rien de plus. »

Sur ces mots, la jeune femme poussa un gloussement moqueur à l’encontre des deux autres. Elle se sentait pleine de vie, et amusée de faire apparition si promptement dans la conversation qui était engagée.

La réaction du ninja faisait naitre un sourire de plus en plus marqué sur le visage de son interlocutrice. Plus ça allait et plus Shiki pensait qu’elle avait bien fait de ramener son joli petit minois.
Elle prit le temps de savourer l’irritation que les mots de Ryoko trahissaient, malgré le calme apparent qu’il affichait, le vocabulaire lui faisait faux bond. Ce ne fut qu’une fois rassasiée de ce met somptueux qu’il offrait à ses oreilles, que la jeune femme avait répondu sur un ton malicieux.

« Alors.. Moi ! J’aiiimmme… jouer. Avec n’importe qui et n’importe quoi. » Shiki adressa ensuite un regard suffisant en direction du ninja avant de reprendre. « Pas toi ? En tout cas je m’amuse énormément à te voir si concerné par le sort de notre charmante amie. »
L’esprit complètement tordu de cette Shiki s’affichait maintenant au grand jour. Elle se frappa tranquillement le crâne comme si elle frappait à la porte d’une maison, le regard idiot en direction.
« Toc toc, il y a quelqu’un là dedans ? Oui Shiki c’est de toi que je parle. Notre charmante amie. Hihihi. »
Puis elle se redressa rapidement au dessus du ninja allongé, posant les mains sur les hanches, et imitant grossièrement une personne fâchée.
« Ho mais c’est pas bien de pas respecter le chef dites donc. Il faut apprendre la politesse ma petite. C’est pas comme ça que tu vas te faire des amis. » L’air sérieux et enfantin presque naïf elle répondit alors à Ryoko de sa voix la plus douce. « Aww désolée monsieur le chef. Je n’ai pas été une gentille fille. S’il vous plait ne me punissez pas, je ferais tout ce que vous voudrez pour me faire pardonner. » Ces derniers mots étaient appuyés d’un petit haussement de sourcil langoureux. Cette jeune femme n’avait vraiment plus toute sa tête.

Toujours portée par le même engouement pour le jeu, Shiki ne lâchait pas son rôle d’une semelle. D’un air des plus idiot et gamin la jeune femme répondit du tac-o-tac.

« Aww déjà monsieur le Chef. Vous me voyez désolée que notre promenade dans les bois se termine ainsi. Mais vous ne pouvez décemment pas nous laisser toutes les deux seules ici. Qui sait quelle bête ou que sais-je encore pourrait nous tomber dessus à tout moment. Vous ne voudriez pas que nous soyons toute salies ou égratignées tout de même. »

Mais les mots de Ryoko n’étaient pas non plus passés sans laisser de traces. Le pauvre homme n’en démordait pas avec son histoire d’entre-aide et autres idioties, s’il voulait l’aider il n’avait qu’à le faire lui-même. Alors que le ninja avait déjà commencé à emprunter le chemin du retour, Shiki ne trouva rien de mieux à faire que de lui courir après le plus rapidement possible pour lui sauter sur le dos avec un rire mesquin que les branches touffues de la foret amplifiaient.

« En route monsieur le Chef, si nous n’avons rien de mieux à faire, alors rentrons. » Sur ces mots, la jeune femme au regard bleu passa ses bras autour du coup de son compagnon et ses jambes autour de sa taille après avoir mimé le cavalier qui donne un coup d’éperons sur le flanc de sa monture. »